The Painscreek Killings

[TEST] The Painscreek Killings, la ville sans âmes

En débarquant à Painscreek, petit village tout de pierres cossues, vous ne vous rendez pas vraiment compte où vous mettez les pieds… Le bourg est totalement à l’abandon, pas une âme qui vive ici. Vous êtes une journaliste et votre rédaction vous demande d’enquêter sur un meurtre, celui de la femme du maire, Vivian Roberts. Accrochez-vous, vous tombez dans un bourbier sans fin, concocté et édité par EQ Studios.

Jeu : The Painscreek Killings Genre : Enquête Studio : EQ Studios Editeur : EQ Studios Date de sortie : 27 septembre 2017 Plateformes : PC Windows PEGI 16 Prix conseillé : 19,99€ solo Testé sur : PC
The Painscreek Killings : bienvenue à Painscreek !
Bienvenue à Painscreek !

En sortant de votre voiture, vous découvrez un commissariat déserté. Sur le bureau du shérif qui a été muté ailleurs, une coupure de journal et quelques courriers vous informent de la désertion totale de la bourgade suite à une séries de « morts », qui ont suivi ou précédé celle qui vous intéresse avant tout, celle de Vivian Roberts, la grande bourgeoise philanthrope a priori unanimement aimée de tout le patelin.

The Painscreek Killings : la Joconde
On ne se refuse rien chez les bourgeois…

Pas tant aimée que ça, du coup, puisqu’elle a été sauvagement assassinée puis trainée devant son propre perron, à la vue de tous. Il y a donc anguille sous roche.

En fait, ce sera même tout un panier de crabes : au fil de vos investigations au sein de toutes les maisons que vous parviendrez à ouvrir, vous découvrez beaucoup de vilains petits secrets, de lâchetés, de tromperies. Après avoir lu des pages et des pages de journaux intimes, de coupures de presse et de courriers plus ou moins officiels vous en concluez… que c’est vachement plus compliqué qu’il n’y paraissait.

La famille « régnante » du village, qui a fait construire son manoir sur une colline en surplomb, a des choses à cacher. Elle employait à son service la moitié des habitants, chauffeur, gardiens, nourrices, cuisinières, jardinier et vous devrez soigneusement prendre en note les relations que chacun·e entretenaient avec elleux, jusqu’à établir la vérité, rien que la vérité, toute la vérité… qui ne se dévoilera à vous que timidement, à tout petit pas.

Munissez-vous donc d’un calepin (ou à défaut d’au moins 2 feuilles A4 et n’écrivez pas trop gros) et partez à l’assaut du silence pesant qui vous entoure.

Un walking-simulator d’enquête

Apprêtez-vous à faire pas mal de kilomètres à pied. Sans jamais rencontrez âme qui vive (…) vous devrez mener à bien un long jeu de pistes où les indices menant d’un lieu à un autre s’égrènent au compte-goutte. Vous commencerez par les lieux ouverts à votre arrivée, commissariat et manoir, où vous trouverez quelques clés, qui ouvriront ensuite de nouvelles portes et ainsi de suite. À chaque fois, dans chaque lieu il faudra faire une fouille mi-nu-tieuse. Mais vraiment, vraiment minutieuse. Ouvrez les portes, puis refermez-les (il y a peut-être des choses derrière), ouvrez tous les tiroirs, retournez chaque livre, chaque photo, chaque pierre, regardez en l’air, regardez par terre, dans les coins, sous les arbres, partout.

Painscreek est un tout petit village, mais il y a, disons, deux bonnes dizaines de protagonistes dont il va falloir cerner de près les agissements, dans leur maison, leur lieu de travail mais aussi les lieux où iels ont l’habitude de trainer.

L’intrigue, ses détours et ses plot-twists vous seront malicieusement distillés et vous devrez dès le départ vous lancer dans hypothèses et conjectures. Faites-le, vraiment, sinon vous nagerez rapidement dans la plus grande confusion et arrivé au bout, vous n’aurez pas compris grand-chose. L’histoire qu’on vous raconte se déroule sur plusieurs décennies et on vous la donne en vrac, en allers-retours incessants dans l’espace et le temps.

À l’écran, il n’y a qu’un élément : le petit point qui indique quel objet vous pointez. Pas de boussole, pas d’objectifs, le jeu vous livre à vous-même et à vos réflexions, sans jamais vous prendre par la main. Vous possédez toutefois un petit inventaire où viennent se glisser clés et outils (ces foutus outils que vous mettrez des heures à trouver), ainsi qu’un journal des documents que vous avez découverts (mais pas tous, prenez des notes hein), comme des cartes bien utiles du village et de certains lieux. Enfin, vous avez la possibilité de faire des photos… en nombre limité, pensez donc régulièrement à faire le ménage dans votre carte-mémoire.

Certaines trouvailles sont des marqueurs de progression de votre enquête, qui déclenchent des « évènements » – et je n’en dirais pas plus, The Painscreek Killings est un jeu qui souffrirait du moindre spoil !

Si vous ne perdez pas le fil de votre enquête – et c’est pourquoi on ne peut que conseiller d’y jouer d’un bloc, sur quelques jours, sans grosse interruption – vous saurez toujours quoi faire et où aller. Si vous vous sentez perdu, c’est que vous avez raté quelque chose… revenez donc sur vos pas et FOUILLEZ MIEUX.

Y a-t-il des jump scares dans The Painscreek Killings ?

Vous n’aurez pas fait trois pas dans ce foutu hôpital que la réalité vous sautera aux yeux : en fait, vous êtes dans un jeu d’horreur ??? La faute, il faut le dire, à l’ambiance : qui resterait paisible et centré dans un hôpital désaffecté, avec une boucle de musique lugubre ? Pas vous, hein ?

Vous lirez ici ou là les devs vous expliquer qu’il y a bien quelques éléments de surnaturel dans leur jeu (Source : ici, attention, spoilers !), mais que promis, juré, il n’y a pas de jump scare. Et dire qu’ils embrassent leur mère avec cette bouche de MENTEURS !

Without spoiling too much, our game has elements of the supernatural. However, there’s no jump scare and stripping all the fluff aside, it is a detective game from begining to end.

Bien sûr, tout dépend de ce que vous qualifierez de jump scare, mais ce que j’ai croisé dans ce jeu relève totalement de ma propre définition. Ils sont très, très, très rares et ils ne sont pas très, très, très effrayants, mais vous aurez bien quelques surprises. Disons deux ou trois si vous ouvrez bien les yeux. Ce n’est pas un jeu d’horreur, mais l’ambiance est inquiétante et vous vous demanderez, de temps en temps, si vous êtes vraiment seule dans ce village…

Il y a par ailleurs plusieurs fins possibles… Vous pouvez parfaitement trouver la solution avant la « fin » du jeu, et quitter le village en délivrant votre conclusion à votre rédactrice en chef… et vous tromper, ou tomber juste. Mais vous pouvez aussi, et c’est ce que je conseille, aller VRAIMENT jusqu’au bout du bout de l’histoire et là… Non finalement, je ne vais rien vous dire.

L’écran de fin vous révélera ensuite votre pourcentage de réussite : je n’ai pas atteint les 100% car je n’ai pas réussi à résoudre quelques énigmes subsidiaires, mais cela ne m’a pas empêché de boucler l’enquête et de trouver le coupable…

Un jeu à l’économie

The Painscreek Killings est résolument un jeu qui a pris le parti de l’économie. Ses assets sont un peu vieillots, un peu ternes, un filtre de lumière floue cache la misère et son gameplay est des plus simples. La musique est également réduite à sa plus simple expression : une boucle de quelques notes pour la quasi-totalité du jeu, une autre, un peu creepy, dans certains lieux. Elle est peu présente, heureusement. Ce sont surtout vos propre pas que vous entendrez, ainsi que quelques sons pas toujours très réussis quand vous manipulez des objets.

C’est toutefois la traduction française qui est le plus à déplorer. Il y a tant de choses à lire, et à correctement comprendre, que jouer en anglais serait totalement insurmontable pour les moins anglophones d’entre nous, on est donc content·es qu’elle soit là, mais son indigence atteint parfois des sommets : l’usage calamiteux du passé simple, la concordance des temps, les coquilles et les approximations vous feront frémir quelques fois. Ce n’est pas vraiment un frein à la compréhension, mais disons que l’image du jeu en prend un coup.

The Painscreek Killings : pas simple le passé simple
Pas si simple le passé simple !

Les limitations du jeu sont imposées à votre personnage de manière parfois frustrante (une simple chaine à demi-tendue en travers d’un chemin, à 30 cm du sol, mais que vous ne pouvez pas franchir pour vous empêcher d’entrer dans une zone du village par exemple), mais toujours moins qu’un mur invisible…

The Painscreek Killings : un homme mort peut-il raconter des histoires ?

Malgré ses défauts, The Painscreek Killings fait partie de ces jeux que je qualifierais de « aussi bons qu’ils peuvent l’être » avec les moyens qu’avaient les développeurs. L’idée est bonne, bien menée, l’ambiance est réussie et c’est avec beaucoup de plaisir et d’intérêt que je suis allée au bout de cette enquête, probablement une des meilleures auxquelles il m’a été donné de jouer. L’investigation est entièrement tournée sur les relations entre les personnages, c’est très réaliste et terre-à-terre.

On se penchera très vite sur le dernier jeu du studio, Scene Investigators, qui reprend cette formule d’enquête, on l’espère avec autant de brio !

The Painscreek Killings
[TEST] The Painscreek Killings, la ville sans âmes
Graphismes
4
Narration
9
Bande son
3
Gameplay
7.5
Difficulté, challenge
8
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0
Les +
Un jeu d'enquête qui demande vraiment de se creuser les méninges
Une narration bien ficelée
Une ambiance réussie, malgré les faiblesse sonores et visuelles
Les -
Des graphismes déjà datés en 2017
Une ambiance sonore pauvre
Une traduction à la ramasse
6.3