Scene Investigators

[TEST] Scene Investigators, enquêtes post-mortem

Un appartement fraichement quitté par ses habitants, des traces de lutte, du sang sur les murs… Vous êtes dans Scene Investigators et votre boulot, c’est de comprendre ce qui vient de se passer. Le jeu, sorti le 24 octobre 2023, est développé et édité par un petit studio de Las Vegas, EQ Studios, qui avait déjà commis, en 2017, le très apprécié The Painscreek Killings, où vous deviez répondre à la question suivante : qui a tué Vivian Roberts ? Vous reprenez donc du service dans cette série d’enquêtes qui vous promettent pas mal d’heures d’intense réflexion.

Jeu : Scene Investigators Genre : Enquête Studio : EQ Studios Editeur : EQ Studios Date de sortie : 24 octobre 2023 2023 Plateformes : PC Windows PEGI 18 Prix conseillé : 22,99€ solo Testé sur : PC
Scene Investigators
Bienvenue au 4e étage.

Scene Investigators est un jeu à la 3D réaliste léchée, presque chirurgicale. Une sacrée amélioration par rapport à leur premier jeu ! Vous naviguez en vue à la première personne dans ses décors sans âme, littéralement, puisque la mort vient de frapper. Témoins, victime, tueur, policiers, tout le monde a quitté les lieux, il n’y a plus un chat, plus un bruit. À partir de là, à peu près tout va se passer dans votre tête, détective.

Vous pouvez vous déplacer dans certaines pièces (toutes ne sont pas accessibles), inspecter des objets, vous agenouiller et vous allonger au sol, pour ne rater aucun indice malicieusement caché.

Bien vite, face à la masse d’informations que vous trouvez ici et là, vous éprouverez le besoin de sortir une feuille, un crayon et noter les plus utiles. En effet, le jeu vous l’annonce dès son tuto, vous aurez accès à des informations qui ne sont pas forcément pertinentes à la résolution de l’enquête… tandis que d’autres, indispensables, seront volontairement manquantes. À vous de faire la part des choses et de retracer les dernières heures qui ont précédé le crime à partir des indices collectés, nourriture qui traine, post-it, journal d’appels du téléphone… Croisez les infos, faites des suppositions et n’omettez aucun détail.

Une fois que vous cernerez la situation, votre tâche sera de répondre à une série de questions, différentes selon les enquêtes : qui était présent au moment du meurtre ? Qui a été tué ? Qui était assis à la droite de la morte ? Comment s’appelle son cousin ? En fonction du nombre de réponses justes, vous obtenez une note, A, B, C… et vous réussissez in fine, ou pas, votre examen de détective.

Scene Investigators : les chapitres
Les chapitres

Les différentes enquêtes sont regroupées par chapitres, au sein desquels vous remarquerez rapidement une certaine cohérence : il se pourrait bien que le meurtrier de la première enquête soit la victime du second… Et tout prend sens !

Enquête et narration environnementale

Pour (ne pas) raconter son histoire, Scene Investigators s’appuie sur le principe de « narration environnementale », dont nous avons déjà parlé dans notre test de Unpacking (un tout autre style de jeu donc) : le récit ne vous est pas donné, vous devez le reconstituer à partir des objets et décors qui vous entourent. Ceux-ci sont d’ailleurs très convaincants : des centaines (plus d’un millier selon le blog des développeurs) d’objets sont judicieusement placés entre ces murs pour donner l’illusion d’une scène vivante, d’un lieu habité, brutalement dévasté par le malheur et la violence. Certains éléments peuvent également vous être fournis en plus de ceux présents sur la scène de crime, comme des enregistrements d’interrogatoire.

Ici, chaque détail compte : après un rapide tour des lieux, vous avez l’intuition que vous venez d’entrer dans la maison d’une mère célibataire et vous pressentez déjà la suite. Ce que vous ne savez pas, c’est si ces traces à la craie sur le sol qui matérialisent l’emplacement du cadavre, c’est l’auteur de l’effraction ou la propriétaire ?

Nul besoin d’être expert·e en balistique ou de relevés d’empreintes, vous devrez plutôt fouiller dans chaque meuble, chaque tiroir pour retracer les emplois du temps de chacun et chacune, parfois à la demi-heure près, sur plusieurs jours, voire semaines… et faire les inférences et déductions qui s’imposent, ou juste se devinent.

Scene Investigators est un jeu solo, mais c’est encore plus fun à deux ! Il est étonnant de voir comme deux personnes, face aux mêmes indices, peuvent tirer des conclusions bien différentes : ce reçu trouvé sur la table du salon, c’est pour l’achat d’une bague – elle va donc se marier – ou pour une mise au clou – auquel cas elle essaie plutôt d’oublier son ex ? Le jeu sera peut-être ainsi moins frustrant, deux cerveaux valant mieux qu’un.

C’est le Colonel Moutarde, dans la cuisine, avec le chandelier

Votre intuition aura la part belle tout au long du jeu et parfois, la meilleure façon de trouver la solution, ce sera de tenter d’invalider votre hypothèse… et essayer encore : si vous vous trompez, le jeu vous le signale en précisant combien de réponses sont justes parmi les questions posées. Vous ne saurez pas exactement où est l’erreur, mais vous aurez certainement une petite idée : laquelle de vos hypothèses était la plus fragile ?

Scene Investigators : les questions

Vous vous prendrez bien vite au jeu et vous vous surprendrez, avec autant d’étonnement que de satisfaction, à cerner les enjeux de la scène de crime et à être capable de retracer jusqu’aux déplacements des protagonistes au moment du crime. Et quand, après une heure de recherche, vous mettrez la main sur ce tout petit élément, très discret, tombé sur la moquette dans un coin du salon et caché par le pied d’un meuble, qui vient confirmer victorieusement une de vos théories, vous jubilerez.

La difficulté des enquêtes va croissant au fil des chapitres (quatre au total, plus un dernier qui se débloque lorsque vous réussissez parfaitement le quatrième), il y a de plus en plus de « gras », d’informations inutiles et donc plus de tri à faire, il faut de plus en plus lire entre les lignes et additionner les supputations… Comptez une vingtaine d’heures de jeu, qui filent à toute allure. Les deux derniers chapitres sont beaucoup plus complexes et vous pourriez bien ressentir un peu de frustration si vous n’avez pas bien saisi toute l’intrigue… qui ne vous ai jamais donnée. Vous pouvez finir par répondre juste à toute les questions, par élimination, sans forcément avoir tout compris.

Scene investigators : la formule gagnante ?

Avec Scene Investigators, les studios EQ nous livrent une belle leçon d’enquête qui renouvelle habilement le genre, sans excès de gore ou d’effets angoissants. Vous ne parlerez à personne… mais les murs ont des oreilles ou du moins, des souvenirs, à vous de les débusquer. Le studio EQ a amélioré tous les aspects de son premier jeu, musique, interface, gameplay, traduction, graphismes : banco !

J’ai croisé quelques bugs minimes et certaines traductions laissent à désirer (pensez à vérifier le texte original quand vous avez un doute) mais dans l’ensemble, vous naviguerez sans problème dans les vies tourmentées d’un père éploré ou d’un maquereau sans scrupules… Le jeu vous fournit la juste dose d’infos et de difficulté, les décors sont impeccables et l’interface réduite à l’essentiel : Scene Investigators vous donnera très exactement ce que vous serez venu y chercher.

Notez qu’une démo est disponible sur Steam et que les devs en fournissent la soluce sur leur blog, si vraiment vous bloquez : c’est par là !

Graphismes
9
Narration
9
Bande son
6
Gameplay
8
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Les +
Des graphismes propres et nets
Une interface pratique
Une narration environnementale à la base du gameplay
Les -
Des traductions parfois erronées qui risquent de fausser vos déductions
Des déductions qui peuvent vous échapper, l'histoire ne vous étant jamais donnée
8