Cela fait un moment que les fans attendent une suite pour un jeu à l’aura si particulière. Dragon’s Dogma, premier du nom, avait su trouver son public, à mi-chemin entre Monster Hunter, Shadow of the Colossus ou les Elder Scrolls. Il n’était cependant pas dépourvu de défauts. Douze ans après, CAPCOM réitère l’expérience et nous propose Dragon’s Dogma 2. Mais est-ce que ce simple chiffre signe de véritables nouveautés ou se contente-t-il de cacher un remake conservant les défauts de son ainé ? Nous allons voir ça, tout de suite !
Dragon’s Dogma, la naissance d’un nouvel insurgé
Sommaire
L’aventure débute dans des cachots. C’est ici que commence l’enfer pour les amoureux de personnalisation. En effet, on décide de son apparence, que ce soit à partir de modèles ou à travers un éditeur particulièrement complet. Très complet. Vraiment complet. Regardez les tutoriels en ligne, on peut littéralement faire n’importe quel personnage ! Alors pour ma part, j’ai créé une voleuse rousse aux cheveux longs qui me ressemble presque, à quelques détails près.
Bref, après 50h passées dans l’éditeur, vous pouvez enfin prendre en main votre insurgé. Les premiers pas sont hésitants, je ne sais pas si c’est à cause de ma configuration, mais mon personnage a une démarche bizarre. On va s’y habituer, je n’ai pas envie d’y être jusqu’à la retraite. S’en suit un tutoriel basique, contrôles, caméra. On porte des pierres, on se fait attaquer par une femme serpent qui permet d’introduire le système de combat.
Suite à ça, notre insurgé s’enfuit à dos de griffon. Et tada ! Le logo de Dragon’s Dogma apparait, mais sans le 2. On y reviendra.
À partir de là commence une aventure aux contrôles d’un insurgé ayant perdu la mémoire et qui a pour destin de combattre le dragon qui lui a dévoré le cœur. Votre rôle se dévoilera progressivement dans des intrigues impliquant de faux insurgés, des conflits politiques, la base dans un univers fantasy.
Des pions plus intelligents ?
Mais avant de réellement partir à l’aventure, il faut créer son pion principal, celui qui vous épaulera pendant toute votre quête. Me voilà de retour dans l’éditeur de personnage. 50h plus tard, j’ai suivi un tuto pour être accompagné par un Timothée Chalamet. Voilà, je me suis dit que ce serait sympa d’avoir le Lisan Al Gaib en allié. Je pense qu’on va former une bonne équipe.
Bien sûr, je ne me suis pas contenté de ce pion, et j’ai recruté en plus un archer et un mage pour compléter l’équipe.
Contrairement à mon pion principal, ces recrues qui appartiennent à d’autres joueurs ont un niveau fixe. Je sais donc qu’il ne faut pas s’attacher et que je les changerai à la volée en fonction des besoins du moment. Le système de pion est ce qui fait la particularité de Dragon’s Dogma. Ces personnages, lorsqu’on les recrute, viennent avec des connaissances. Par exemple, si l’autre joueur a déjà réalisé une quête ou encore trouvé un trésor, le pion me dira “je sais où il faut aller, suivez-moi !”. Ces renseignements ne se limitent pas aux quêtes, ça peut aussi être des informations sur les ennemis et leurs faiblesses. Ainsi, les connaissances des pions évoluent sans arrêt, que ce soit dans la partie de son joueur ou dans la partie de tous les autres joueurs qui le recruteront.
Malgré tout, on regrettera parfois leur comportement erratique, surtout lorsqu’ils sont bloqués dans le décor, qu’ils attaquent en étant proche de la mort, ou toute autre débilité commune à une intelligence artificielle qui pourrait être optimisée.
Dernier point important, il est possible de donner à son pion principal une spécialité comme soigneur ou logisticien qui influe sur son comportement.
Un monde qui invite à l’exploration
Dragon’s Dogma 2 offre un monde ouvert à explorer. On oublie les open world de ces dernières années avec un surplus d’informations et d’icônes. Ici, les informations sont réduites à l’essentiel. La carte se dessine progressivement alors que vous découvrez de nouveaux chemins. Des tonnes de petites choses cachées ne demandent qu’à être trouvées, comme les insignes de quêtes à rendre à la guilde, l’équivalent des Korogu à trouver approximativement partout. En vous promenant, vous tomberez sur des ruines habitées par des bandits, des cavernes pleines d’œuf d’homme-lézard protégeant farouchement un coffre au trésor.
Autre exemple, il m’est arrivé de me faire talonner par un griffon et un ogre. Ce dernier, en me poursuivant, fait tomber un pont et décède, emportant avec lui un de mes pions. Le mage qui soignait, super… Mais en essayant de trouver un autre chemin pour retourner sur l’autre rivage, je me retrouve nez à nez avec un Minotaure.
Clairement, l’aspect découverte est une des vraies réussites du jeu. J’ai d’ailleurs beaucoup lu que les gens étaient dérangés par la quantité de combat. Cela ne m’a personnellement pas plus dérangé que ça pendant mes vadrouilles.
On s’aperçoit finalement que les quêtes annexes ne sont en réalité qu’un prétexte pour aller dans un coin de la carte. D’ailleurs, les PNJ ne sont pas indiqués avec un gros point d’exclamation au-dessus de la tête. Vous allez parfois juste les croiser au hasard dans une ruelle, rendant le tout réaliste, mais aussi beaucoup plus difficile à trouver. Surtout que certaines quêtes nécessitent de revenir plus tard dans la journée ou d’attendre quelques jours.
Par contre, là où l’open world de Dragon’s Dogma 2 est éprouvant, c’est que l’on ne dispose pas de beaucoup de moyens de locomotion. Il y a bien un char à boeuf, mais c’est lent et on se fait parfois attaquer sur le chemin, surtout en pleine nuit. La téléportation ? Il faut consommer une transpierre pour l’utiliser. Finalement, on fait tout à pied et ça prend du temps.
Évolution de l’Insurgé
Après quelques heures et quelques quêtes, faute est de constater que le jeu est facile à prendre en main. On change régulièrement de classes pour son personnage principal ou son pion pour leur apprendre de nouvelles compétences. On prend plaisir à débloquer des talents, des passifs qui sont équipables même en changeant de classe. L’expérimentation et la découverte des différents gameplay sont très satisfaisants. Si au départ, je n’avais le choix qu’entre guerrier, archer, mage et voleur, d’autres classes se sont ajoutées au gré de mes pérégrinations. Parler à un PNJ, réaliser une quête, la curiosité est toujours récompensée.
Il faut par contre obligatoirement passer à la guilde pour réaliser toute opération qui touche aux classes. J’aurais préféré pouvoir upgrader mon personnage au fil de l’eau plutôt que de devoir attendre de retourner en ville pour l’améliorer.
Des combats presque épiques
Concernant les combats, manette en main, c’est le kiff. Les compétences sont nombreuses, les classes se jouent différemment ce qui offre le choix pour tout type de joueur. J’ai particulièrement apprécié les effets visuels des magies bien que leur lancement prend un peu de temps. Mais ce qui avait fait le succès de Dragon’s Dogma, c’est la possibilité de grimper sur les ennemis géants pour frapper leurs points faibles. Ce n’est bien sûr pas possible lors de tous les affrontements, mais lorsqu’un ennemi le permet, cela apporte un aspect très épique au combat. Surtout qu’on peut les déstabiliser, les faire chuter. Bref, de ce côté, le contrat est rempli. On regrette juste la caméra qui peut partir dans les choux dans certains environnements.
Magnifique, mais parfois daté
Pour finir, j’aimerais parler de ce qui rend Dragon’s Dogma si inégal. D’un côté, lorsqu’on se promène, on se retrouve dans de superbes environnements. On a envie de se perdre, d’explorer, de partir à l’aventure et découvrir de nouveaux panoramas ! Et de l’autre côté, on fait face à de nombreuses imperfections. Techniquement, l’ensemble est en retard de quelques années. Je pense par exemple aux personnages à la gestuelle peu naturelle et aux visages figés. Heureusement, pendant la période de notre test, CAPCOM a fait quelques mises à jour qui ont permis de réduire les problèmes de framerate en donnant la possibilité de retirer le raytracing et le flou cinétique. Et puis, de nombreux aspects de gameplay sont manquants pour un titre sorti en 2024. Il est impossible de verrouiller un ennemi, ce qui, en tant qu’archer, donne des ciblages hasardeux, sauf en visant manuellement. Idem, les menus sont peu ergonomiques, ce qui dégrade l’expérience. Et sincèrement, je déteste le système de poids qui nécessite de gérer sans arrêt ce qu’on a dans les sacs.
Dragon’s Dogma 2, un retour en fanfare ?
Pour conclure, j’ai adoré Dragon’s Dogma 2, en particulier parce que j’y allais sans aucune attente, n’ayant joué que quelques heures au premier. Mais il faut être conscient de ses imperfections avant de se lancer. Clairement, il ne va pas s’adresser à tous.
D’un côté, on a une expérience d’exploration très satisfaisante. On aime se perdre, dévoiler les moindres recoins de la carte et faire des rencontres imprévues. L’évolution du personnage et du pion principal avec le système de classes est très fluide. Les classes apportent des gameplay de combat variés, si bien que vous trouverez forcément votre bonheur, même avec les classes de base qui sont parfaitement viables. Côté combat, c’est dynamique, plein effets visuels et surtout épiques lorsque vous faites face à bien plus grand que vous.
De l’autre côté, le jeu est inégalement beau. On fait face à de magnifiques panoramas et en parallèle, certaines textures ont du mal et la modélisation des personnages laissent à désirer. Un comble quand on voit l’éditeur extrêmement complet. L’IA inégale vaut autant pour les alliés que les ennemis, au moins il y a une justice. Côté quête, ce n’est pas fameux, surtout pour les quêtes d’infiltration où on passe sous le nez des soldats sans qu’ils ne remarquent rien. Enfin, on fait vraiment beaucoup de randonnée à pied, l’absence de monture se fait quand même sentir après une dizaine d’heures de jeu.
Au bout du compte, Dragon’s Dogma 2 est un jeu qui aurait pu être sublimé par le savoir-faire de CAPCOM. Il n’y a qu’à voir la réussite des Resident Evil avec la refonte et l’amélioration du gameplay. Il est très bon, mais conserve des airs de remake plutôt que de véritable suite au premier jeu.