[TEST] Crime O’Clock : l’heure du crime !

Imaginez un jeu où il ne faudrait pas seulement trouver Charlie, mais aussi savoir qui il a tué, pourquoi et quels liens il entretient avec une IA maléfique qui s’ingénie à perturber la ligne du temps… Crime O’Clock est un jeu de cherche-et-trouve développé par Bad Seed et sorti en 2023 sous la bannière de Just For Games.

Le sachiez-vous ? Les livres-jeux à la Où est Charlie ? utilisent le concept d’horror vacui comme espace de « travail » de lae lecteurice, ce qui tend à les assimiler à de la littérature ergodique. Quézaco ?? L’horror vacui, littéralement « l’horreur du vide ». C’est un concept notamment utilisé dans l’art, où l’artiste remplit compulsivement l’espace de la page, de la toile, de la paroi, etc. d’une multitude de détails, de manière fractale, esthétique ou aléatoire. Cette accumulation de détails amène cellui qui regarde à « promener » son regard dans l’œuvre tout en suscitant un effet de trop-plein et de désorientation. La littérature ergodique, quant à elle, désigne ces œuvres littéraires qui nécessitent l’engagement de lae lecteurice pour être lues, comme les Livres Dont Vous Êtes le Héros ou les calligrammes de Guillaume Apollinaire. Il faut alors trouver un « chemin » dans l’ordre de la lecture pour en comprendre le sens. Ludiques, fouillis, les jeux de cherche-et-trouve vous invitent à scruter avec attention les mille petits détails d’une page dessinée à la recherche d’éléments particuliers. Dans Crime O’Clock, ces éléments vous racontent une histoire, ils constituent les indices d’une intrigue criminelle sur laquelle vous devez enquêter. L’équipe de Bad Seed, en tout cas, s’en défend, arguant que le jeu de société de Johannes Sich est sorti alors que Crime O’Clock était déjà en développement :

« Quand nous avons découvert Micro Macro, bien après le début du développement, ça nous a fait sourire : le fait qu’un jeu semblable au nôtre remporte un tel succès nous a convaincus que nous allions dans la bonne direction. Et quand nous y avons joué, on est devenus fans ! »

Les grandes idées se rencontrent ? Le concept, en tout cas, a fait mouche, Crime City raflant cette année-là les prix distinguant les meilleurs jeux. Crime O’Clock pousse le vice un peu plus loin : vous ne jouez pas seulement dans l’espace, mais aussi dans le temps…

Vous êtes un enquêteur fraichement débarqué dans une brigade d’enquête un peu particulière : assisté par EVE, une IA chouïa dirigiste, vous enquêtez sur des crimes qui n’auraient jamais dû avoir lieu, des aberrations historiques auxquelles vous devez remédier. D’une époque à l’autre, à travers 5 « mondes » passés, présents et futurs possédants chacun leur ambiance, vous tentez de raccommoder la trame du temps que d’obscurs ennemis s’acharnent à saccager. Vous passerez ainsi de la gracieuse île des Atlantes aux néons d’une ville aux accents cyberpunk, car, voyez-vous, le crime ne dort jamais…

Chaque monde est divisé en 10 « moments », 10 marqueurs temporels où se déroule l’action de chaque mission. Exemple : vous découvrez un crime perpétré à l’instant 5, vous cherchez son auteur aux marqueurs 3 et 4, puis vous le suivez aux instants 6 et 7 pour découvrir son mobile, avant de trouver le moyen de l’empêcher de commettre son crime, par exemple à l’instant 2. Ces filatures sont entrecoupées de mini-jeux censés matérialiser les sous-programmes de votre IA, comme chercher l’identité d’un suspect, comparer ses empreintes, faire une analyse d’un produit chimique… Ces mini-jeux manquent malheureusement de peps et de challenge. Soit trop faciles, soit imbitables, ils amuseront peut-être les plus jeunes, mais pas un·e adulte qui veut se faire les dents sur des énigmes un peu corsées. Le gros du gameplay reste le travail d’exploration dans ces paysages denses et populeux, où des IA malfaisantes se livrent à des exactions temporelles intolérables. Il vous faudra les identifier, les débusquer et enfin les vaincre… au cours d’une série de mini-jeux d’où le concept d’épique est totalement absent. Le jeu offre une quarantaine de missions et vous occupera des heures et des heures. La répétitivité et l’insipidité des jeux émousseront peut-être votre patience, mais il fera toujours bon y revenir de temps en temps pour résoudre une nouvelle enquête et faire avancer la trame principale. Le gameplay se renouvelle régulièrement avec de nouvelles cartes, de nouveaux outils de recherche… et de nouveaux mini-jeux. EVE ne manque pas d’humour (pour une IA), les ambiances musicales sont franchement cool et quoique les enquêtes ne soient pas toutes également trépidantes, on se prête au jeu assez facilement. Notez également que vous ne pouvez pas resté·e « coincé·e » dans une énigme, le jeu comportant un système d’indices qui vous donnent des pistes de recherche de plus en plus précis. Les cartes fourmillent de références littéraires, cinématographiques et vidéo-ludiques. C’est à travers des personnages comme John Weak (John Wick), Nomad (Journey), Hero Turtles (Tortues Ninja) ou Straw Hat (One Piece), que vous pouvez suivre les histoires « Fulcrum », au fil des 10 marqueurs de temps et ainsi reconstituer une mini-histoire légère et amusante…

Crime O’Clock, c’est une idée sympa, des mécaniques rigolotes (quoiqu’inégalement difficiles et engageantes) doublée de pas mal d’humour, qui s’adresse aux plus jeunes et aux férus de Hide & Seek.  La généreuse démo offerte sur Steam vous donnera un bon aperçu du gameplay si vous hésitez encore ! Comptez une trentaine d’heures de jeu, ou plus en fonction de vos capacités de déduction et d’observation. Attendez-vous à n’être jamais réellement en difficulté, Crime O’Clock offrant détente et légèreté. Il se joue sur PC ou Nintendo Switch. Vous pouvez retrouver le playthrough complet du jeu sur Let’s Frag !