[TEST] Agatha Christie – Le Crime de l’Orient-Express : Une Enquête Inoubliable en Jeu Vidéo

Je suis une grande fan de romans policiers depuis que j’ai lu Agatha Christie – Le Crime de l’Orient-Express il y a de ça 26 ans. Cette histoire m’avait incroyablement marquée tant elle est palpitante à suivre. Ensuite, j’avais vu des films, jusqu’au plus récent film de 2017 avec Jonnhy Depp. Je peux dire que l’adaptation en jeu vidéo est la meilleure et la plus novatrice que j’ai eu l’occasion de suivre.

Après deux titres sur la jeunesse de Poirot avec une histoire originale, Microids s’attaque à un pilier de la littérature avec le Crime de l’Orient-Express, écrit par Agatha Christie en 1934. C’est clairement l’une de mes histoires préférées et LE livre qui a fait que je prends plaisir à lire encore aujourd’hui, 26 ans après.
Si vous ne connaissez pas l’histoire et que vous aimez les rebondissements, je ne peux que vous la conseiller, livre, film, peu importe, vous ne serez que parcellement spoilé·es, même si vous jouez au jeu après. Vous pourrez même en apprécier tous les changements que le studio de Lyon a fait pour en faire clairement une des meilleures versions de l’histoire, si ce n’est LA meilleure.

L’Orient-Express est un train très célèbre au début du XXe siècle. Il se développe sur une ligne Paris-Vienne et devient ensuite le train de luxe qui parcourt les plus grandes capitales d’Europe jusqu’à Istanbul et même un temps jusqu’à Athènes. Malheureusement, après les guerres et son manque de modernité (il n’atteint que les 55km/h) il est vite remplacé par d’autres moyens de locomotion plus rapides.

Aujourd’hui, l’esprit de l’Orient-Express perdure toujours. Il a été racheté en partie par une compagnie privée de luxe en 1982. Le nom L’Orient-Express, appartenant toujours à la SNCF, la compagnie privée ne peut pas l’utiliser tel quel. Si vous souhaitez voyager à son bord et vous offrir le légendaire Paris-Vienne, il vous en coutera, 3299€ pour 1 nuit, et encore, c’est seulement si vous réservez au moins 1 an à l’avance. Nous n’avons pas les mêmes valeurs, n’est-ce pas ?

Cependant, la SNCF n’a pas dit son dernier mot. Son partenariat et rachat à 50% par le groupe Accor (oui les hôtels), pourrait bien relancer la donne. Le projet est toujours prévu pour 2024. Affaire à suivre. Pour ma part, je ne désespère pas de pouvoir m’acheter un billet pour faire un bout du trajet sur mes vieux jours.

L’attente était colossale face à un titre pareil. Soit c’est un franc succès et il faut y mettre les moyens, soit c’est un échec complet. Il n’y a pas d’entre-deux. Pour moi, c’est une réussite complète. L’adaptation de l’histoire est surprenante, mais passe très bien. Exit le XXe siècle et ses années 30 des plus distinguées, nous sommes en 2023 et même Poirot a un téléphone portable. Heureusement, le train lui n’est pas futuriste. Il a gardé toute sa superbe et les compartiments autant que les wagons-bars sont réellement sublimes. On peut facilement s’imaginer traverser le train à l’époque où il était au plus haut sommet de son succès.

Les graphismes sont très agréables et même si de très près, le visage de Poirot semblait ajouté à une tête, il est finalement plutôt bien implanté au niveau des décors dans une époque où des styles divergents se confrontent.
Les musiques sont également très agréables. J’ai tendance à les couper si elles ont trop redondantes. Lors de ma partie, je me suis même surprise à les trouver apaisantes. Et parfois beaucoup moins lorsqu’un danger se profilait à l’horizon…

Quelles innovations apporte le jeu vidéo à l’histoire originale d’Agatha Christie ?

Bouc, le directeur de l’Orient-Express, vous découvre dans un riche hôtel à Istanbul. Vieil ami de Poirot, il lui promet de lui trouver une place à bord du train qui part aujourd’hui même. Mais avant ça, Poirot à peine sorti de sa chambre d’hôtel a déjà une affaire. Bouc lui explique qu’un de ses passagers à perdu son billet et que le train ne peut pas attendre plus longtemps à la gare, il doit être à l’heure.
Poirot fait petit à petit la connaissance des passagers. La cadence est extrêmement bien menée pour avoir de nouvelles choses à découvrir tout au long de l’histoire.
Arrive le meurtre. Vous menez à bien les interrogatoires et encore une fois, un nouvel élément vient apporter du piment au milieu du jeu. Le timing est parfait pour éviter de s’ennuyer.
Cette nouveauté qui est complètement rattachée à cette adaptation en jeu vidéo est du jamais vue ailleurs. Elle apporte une fraîcheur et un autre angle que l’on soupçonnait, mais que l’on vit réellement cette fois. Et là, le résultat n’est plus le même. Je me suis sentie vraiment impliquée dans l’histoire pour la première fois. Je la redécouvre sous un angle beaucoup plus humain et je suis moi aussi impactée par l’horreur.
Là où Agatha Christie et les autres adaptations nous avaient donné une histoire qui nous touchait sur un dénouement. Ici, on la vit réellement, presque du début.
Chapeau et un grand bravo à l’équipe de Microids pour avoir eu cette idée, j’y adhère complètement. Ça en fait un titre plus que complet sur l’ingéniosité du crime et sur tout le background des affaires, en ajoutant un aspect encore plus profond à de simples mots.

Quel rôle joue le gameplay dans l’expérience de jeu d’Agatha Christie – Le Crime de l’Orient-Express ?

La première mission vous permet de découvrir les nouveaux mécanismes du jeu. Il y a beaucoup de petits jeux, la vue est à la troisième personne, vous voyez directement devant vous avec le personnage devant. Vous pouvez zoomer pour chercher des détails et les points d’intérêt sont tous marqués d’une icône blanche interactive.

La carte mentale a été retravaillée. Elle se présente sous différentes formes. Il n’y a plus d’accumulation d’indices à relier entre eux. Chaque réflexion et question est découpée en petits bouts pour en venir à une grande conclusion. Vous pouvez vous tromper autant de fois que nécessaire avant de trouver la bonne solution pour avancer. Il n’y a pas de difficulté à choisir, le jeu est assez linéaire. Et si toutefois vous êtes bloqué·e, il y a toujours des indices pour vous aiguiller.

Le don d’ubiquité de Poirot à en perdre sa moustache

Poirot est sollicité dans les plus grandes affaires. Et même si celle-ci lui demande déjà pas mal d’utilisation de ses cellules grises alors qu’il était en vacances, les autres passagers ne se privent pas de le solliciter pour tout et n’importe quoi. J’ai réalisé le plus grand nombre de mini-jeux en un temps défini. À la moindre demande à un passager, alors qu’il est quand même en pleine enquête, tous les passagers et y compris son ami Bouc, lui demande un service. Le secret d’une recette, des déplacements de caisses, une réparation d’extracteur de jus d’orange, tout y passe.
Mais je vous avoue que je n’ai pas boudé mon plaisir. Après un peu d’acharnement, ou une pause, les mini-jeux ajoutent beaucoup d’interactivité, alors qu’honnêtement le jeu n’en manque déjà pas. Il y en a aussi dans les dialogues. Ce ne sont pas des monologues ou des longues conversations. Les dialogues sont entre-coupées de réflexion ou d’indice à mettre en avant. Niveau gameplay, c’est juste parfait.

Il n’y a pas de questions pièges, si vous sélectionnez une fausse réponse lors d’un dialogue, Poirot réfléchira et vous dira que « non, ce n’est pas la bonne solution » (bon, il s’énerve parfois un peu, mais rien de grave).

La réponse est clairement oui. Je n’ai absolument rien dévoilé de l’histoire dans l’article pour vous laisser tout le suspens. Même si on connait l’histoire, il y a toujours un rebondissement et c’est vraiment mené d’une main de maître par l’équipe de Microids. Il n’y a pas une seule fausse note. Même si j’ai pesté sur certaines énigmes à résoudre, il faut s’y attarder beaucoup plus longtemps parce que l’erreur vient forcément de nous. Le jeu est très riche, pour plus d’une douzaine d’heures de jeu, c’est une formidable histoire et enquête à découvrir. Je pèse mes mots, car il y a beaucoup d’ajouts qui ne dénotent absolument pas de l’essence même de l’histoire et ne font qu’apporter ce que, finalement, il manquait pour comprendre ce meurtre comme il se devait.
Pour moi, c’est un sans-faute. L’œuvre est revisitée et complétée d’une façon extrêmement intelligente.