The Devil in Me est le dernier opus de la saison une de la franchise The Dark Pictures Anthology. Il met en avant le tout premier tueur en série de l’Amérique, H.H.Holmes. Comment le jeu s’est inspiré d’un personnage ayant existé au 19ᵉ siècle ? L’horreur est-elle bien présente ? Après quelques jump scare, je vous partage mon expérience.
The Devil in Me, qui est vraiment H.H.Holmes ?
Sommaire
Car tout a démarré pour Holmes par son envie d’avoir de l’argent.
Herman Webster Mudgett est son vrai nom, il est né en 1860. Docteur de formation, il commence très tôt avec un professeur, qui sera pour lui un mentor particulier, à déterrer des cadavres pour revendre les corps à des universités en médecine, ou encore à faire des arnaques à l’assurance avec des personnes tout juste décédées. Se jouant des sentiments et du chagrin des familles, il change rapidement de nom et part s’installer à Chicago, laissant sa première femme et son fils.
Chicago est une ville en plein essor et Mudgett y étrenne son nouveau nom : Henry Howard Holmes, un arnaqueur de première. Tout est bon pour se faire de l’argent et constituer sa fortune. Il est présenté comme « charmeur » et manipulateur dans l’âme, il n’a pas de mal à enchainer les conquêtes. Ainsi, il se marie à sa deuxième femme alors qu’il est toujours officiellement marié à la première. Ce n’est que 4 ans après qu’il obtient le divorce avec sa première femme, alors qu’il se marie une troisième fois et a même une maitresse. Cette dernière sera l’une des victimes de Holmes. Continuant ses arnaques à l’assurance, il se fait bien voir d’un couple de pharmaciens, ce qui lui permettra de racheter la pharmacie. Il se constitue une fortune pour finalement acheter un terrain en face de la pharmacie et y bâtir un hôtel qui sera rebaptisé « le château », tant il est immense, par les habitants du coin. Le rez-de-chaussée abrite une nouvelle pharmacie et des commerces, où il revend certainement quelques affaires de ses victimes. Le premier étage comporte des bureaux et enfin le dernier étage est surtout composé de chambres, au nombre, parait-il, d’une centaine. L’hôtel étant surtout là pour l’exposition universelle de 1893 qu’accueillait alors Chicago.
En extérieur, le château est majestueux, il impressionne et les entrepreneurs pour les travaux sont nombreux. Il change souvent d’équipe pour les rénovation et construction des pièces et oublie volontairement les paiements. Les procédures étant longues pour récupérer l’argent, il ne sera jamais inquiété.
H.H.Holmes est un maitre en arnaque, manipulation et escroquerie en tout genre, sa motivation première est l’argent. C’est ce qui l’anime, et tous les moyens, même les plus sordides, sont bons pour en faire toujours plus.
Il y aura plusieurs victimes parmi ses employés, surtout des femmes. L’horreur ne s’arrêtera pas là puisqu’il tue aussi des hommes et même des enfants. Holmes n’est pas motivé par le meurtre, même s’il doit y prendre du plaisir, il faut surtout tout ceci pour l’argent et pour couvrir ses arnaques. Il tue ses victimes de différentes façons, mais souvent sans abimer les squelettes pour pouvoir les revendre à des universités. Il se met aussi à revendre des organes. Au sous-sol de son hôtel, il installe des instruments de dissection en tous genres et il y fait des expériences, comme celle pour assouvir sa théorie : la chair de l’être humain serait extensible à l’infini pour en faire des géants. On peut imaginer qu’il a fait d’autres expériences, ou même tuer juste pour s’adonner à des essais théoriques…
Holmes est finalement arrêté en 1894 pour vol de chevaux et arnaque. Sa femme paye sa caution, il est libre, mais sans argent. Il décide alors de monter une affaire avec un entrepreneur. Un compagnon de cellule de Holmes le branche sur une arnaque juteuse, en disant qu’il connait une avocate qui pourrait falsifier des papiers, faisant croire à une fausse mort pour toucher une grosse assurance. Il propose de monter cette arnaque avec son complice entrepreneur qui est dans le besoin avec sa femme et 5 enfants.
La « victime » met au courant sa femme pour la simulation de sa propre mort et Holmes sépare la famille en envoyant la mère dans une des maisons dont il est le propriétaire avec 2 des plus jeunes enfants. Et il reste avec les plus âgés, pour certaines des adolescentes.
Le jour J, Holmes retrouve le père comme prévu dans ses bureaux pour y mettre le feu. Il est censé amener un cadavre qui ressemble fortement au père pour que l’arnaque fonctionne. Seulement voilà, il n’a pas de cadavre… Holmes a changé de plan entretemps pour récupérer tout l’argent de l’assurance. Il tue le père, met le feu. Va chercher la fille la plus âgée pour qu’elle identifie son père puis ramène les enfants en les cachant dans une maison. Son souci premier est la mère qui croit toujours que son mari est en vie et qu’ils vont toucher le pactole. Il tue donc la mère et les 2 enfants. Puis part pour un périple avec les 3 plus âgés, en changeant souvent de maison, pour brouiller les pistes. Il les tue finalement.
Peu après, le compagnon de cellule n’ayant pas touché sa part de l’arnaque le dénonce. Holmes est encore arrêté pour arnaque. Un détective s’intéresse à son cas et va remonter la piste et traquer tous les indices qui vont l’amener à retrouver les cadavres des enfants et de la mère. Il est condamné à ce moment-là pour 7 meurtres.
Il en avoue 27, mais il se pourrait qu’il y en ait plus. Holmes étant un manipulateur et menteur, il est fort probable qu’il ait enjolivé certains de ses récits. Et la presse à scandales faisant ses débuts aux États-Unis au 19ᵉ siècle, n’aide pas beaucoup sur la véracité des propos.
Il est finalement exécuté en 1896.
H.H. Holmes est un protagoniste qui a suscité beaucoup d’inspiration dans des films, des séries des romans.
Certaines séries d’horreur s’en inspirent clairement, ainsi que des livres, des bd.
Ce nouvel opus de The Dark Pictures Anthology de Supermassive Games en est la dernière adaptation en date.
Supermassive Games, maitre de l’horreur ?
Alors pourquoi tu as voulu tester The Devil in Me, me direz-vous ? Et bien, c’est pour le côté coop. Après avoir fini Until Dawn, c’est ce à quoi j’avais pensé : j’aurais bien aimé vivre l’aventure avec quelqu’un, je me serais sentie beaucoup moins seule !
Alors bien sûr depuis 2016, la sortie d’Until Dawn, d’autres titres ont vu le jour avec justement la possibilité de jouer en coop, mais je n’avais pas sauté le pas. C’est 6 ans après que j’ai voulu m’intéresser à ce titre. Je joue donc avec Morgane l’a fait. Il est possible de jouer en ligne et en écran partagé. Le mode « soirée télé » nous fait choisir le nombre de joueurs, il est possible d’inviter jusqu’à 5 joueurs en local, étant donné qu’il y a 5 personnages jouables. Nous jouons à deux, donc le jeu répartit les personnages entre nous.
Initialement, j’ai demandé à Morgane de jouer avec moi pour pouvoir me marrer et tuer ses personnages. Finalement, on vit l’aventure assez intensément et on a assez rapidement nos personnages préférés et ceux que l’on déteste. Chacune choisit ses dialogues avec des conséquences et on est assez raccord sur nos décisions.
Nous sommes spectatrices et actrices des vies de Kate, Jamie, Erin, Mark et Charly, une équipe de tournage qui vient réaliser un documentaire sur le fameux hôtel de H.H.Holmes. Un certain architecte dont la reconstitution de l’hôtel est le chef-d’œuvre, les invite à réaliser leur reportage. Voyant ça comme une opportunité à ne pas manquer, Charly le patron est plus que motivé, alors que son équipe montre déjà des signes de discorde.
Très vite, ils se rendent compte qu’ils ne sont pas seuls sur l’île et que l’hôtel cache des secrets pour le moins étranges…
De nouvelles possibilités de gameplay
Rythmes et bugs
Là où le jeu pèche particulièrement c’est sur son rythme, surtout en début de partie. Le jeu est très lent à se mettre en place, il y a des scènes à rallonge inutiles juste pour créer une ambiance qui ne fonctionne pas en début de jeu. C’est dommage. Sur la suite du jeu, les lenteurs sont créées avec la manipulation des personnages, un gameplay lent et lourd. Même si les personnages peuvent courir à chaque nouveau mouvement actionnable par le même bouton d’action, le personnage marque un temps d’arrêt, fatiguant à la longue.
Les doublages sont parfois manquants avec une phrase anglaise au milieu de tout un monologue en français. Ou encore des phrases qui ne sont pas finies, chez moi on dit qu’on coupe la chique. Mais on l’occurrence il n’y a pas de dialogues assez dynamiques pour avoir cette impression de balle rebondissantes entre les répliques, les différents personnages ne finissent pas leurs phrases et laissent un blanc d’une à deux secondes, ce qui vient complètement casser le rythme et enlever de la crédibilité.
Dommage, parce que dans ce genre de jeu, pour rester dans l’ambiance, rien ne doit nous faire sortir de l’état d’esprit dans lequel le jeu veut nous mettre. Et en jouant à plusieurs, forcément il est mis à mal dès le départ car on commente absolument tout. Et lorsqu’on vient se moquer d’une réplique, d’un ton mal joué ou encore de bruits d’effort incroyable pour ouvrir une simple porte, ça en devient vraiment ridicule…
En conclusion
The Devil in Me est une bonne adaptation d’une histoire réelle. Pas un simple copié-collé, le studio s’approprie des faits réels pour en faire un jeu d’horreur. Les protagonistes ont tous des relations différentes et des histoires. C’est une équipe qui travaille ensemble avec des relations naissantes ou passées. Ceci donne des dialogues qui offriront des choix et des conséquences différents.
On a très vite fait de préférer certains personnages et d’en détester d’autres. Les graphismes sont vraiment sublimes c’est clairement la force sans détour de cet opus. Déjà dans Until Dawn la qualité graphique était incroyable, on atteint encore un autre palier dans The Devil in Me. Malheureusement l’ombre au tableau est amenée par les doublages douteux, des bruits d’effort surjoués et très maladroits qui nous font complètement décrocher de l’ambiance parfois stressante du jeu. Le rythme et le gameplay sont parfois lents ce qui vient encore une fois casser le rythme et nous sortir de l’ambiance. Surtout lorsqu’on joue à plusieurs, on a vite fait de tourner certaines scènes en dérision.
Ceci dit, The Devil in Me reste un bon jeu d’horreur pour partager la manette avec des amis et voir les réactions de tout le monde face à des choix à conséquences ou des QTE stressants. Pour moi, de meilleures soirées interactives plutôt que de rester bêtement devant un film.