Fort Triumph personnages combats gameplay
Fort Triumph personnages combats gameplay

[TEST]Fort Triumph, casser des crânes mais sans savoir pourquoi

Sorti en avril dernier et développé par CookieByte Entertainment, Fort Triumph est un jeu de combat en tour par tour, sur fond dérisoire d’héroïc-fantasy. À la carte donc, gobelins, trolls et autres sorciers, dont il faudra se défaire pour accomplir des objectifs proposés et faire grandir son village, ajoutant par la même un aspect gestion considérable et presque aussi pertinent que les combats. La spécificité de ces derniers, qui fait l’originalité du jeu est la possibilité d’utiliser et de modifier les éléments de décors pour venir à bout de ses ennemis. Si la gestion de ressources est aussi pertinente que les combats qu’elle conditionne, le jeu est cependant habillé d’un univers fade qui justifie mal ses enjeux narratifs, qui a priori occupent une place importante dans l’expérience du joueur.

Jeu : Fort TriumphGenre : jeu de combat en tour par tourStudio : CookieByte Entertainment Editeur : All in! GamesDate de sortie : 16 avril 2020 Plateformes : PC, Steam Prix conseillé : 20.99€
Fort Triumph Combat prairie gameplay
Fort Triumph Combat prairie gameplay
Pour ce qui est du monde de fonctionnement de Fort Triumph, celui-ci fonctionne donc sur le mode du tour par tour, qui s’opère à deux niveaux. Le premier est d’abord celui des combats, qui seront le principal souci du joueur et le clou du divertissement. Gobelins, araignées, trolls, prêtres… sont autant d’ennemis desquels il faudra se débarrasser, et qui gagnent en puissance au fur et à mesure que le temps diégétique s’écoule (jours après jours et semaines après semaines qui régissent le second niveau de jeu). L’enjeu est alors classique, puisqu’il s’agit d’utiliser intelligemment les points d’actions de nos héros pour terminer le combat. Les nombreux personnages dont on dispose sont répartis par classes (paladin, archer, mage, barbare…) et disposent classiquement d’attaques rapprochées ou à distance. Ce sont leurs faits d’armes – ou plutôt les nôtres – qui permettent classiquement l’amélioration de leurs niveaux et de leurs compétences (ordinaires ou permanentes).

Fort Triumph personnage château combat dans la crypte
Fort Triumph personnage château combat dans la crypte

On regrettera cependant que les compétences permanentes opèrent à notre insu, quitte à faire des dégâts dans notre propre camp… il est donc questions pour nous d’apprivoiser chacun des personnages en fonctions de leurs attributs et des potentialités de la carte pour en tirer le meilleur parti. Or, encore une fois, il est difficile dans un premier temps de s’y retrouver dans la galaxie de compétence (attaque, défense, bonus…) dont dispose chaque personnage, on préférera donc les acquérir hasardeusement et en faire l’expérience en temps réel, quitte à gâcher nos précieux points d’action (aux nombres de trois par défaut, la plupart des attaques directes nous en coûtent deux…). Leur multiplicité ajoutant à l’enjeu stratégique du gameplay, les compétences les plus insignifiantes s’avèreront indispensables dans certaines situations. Si cela peut apparaître comme une limite du jeu, c’est en vérité sa principale qualité et ce qui conditionne sa longévité : il faut aborder le jeu en stratège pour profiter pleinement de ses mécaniques et de son contenu, les creuser et les apprivoiser pour venir à bout de combats sur lesquels il est facile de se casser les dents…

La gestion des ressources

Le deuxième niveau de jeu quant à lui, qu’on qualifiera grossièrement de carte du monde, nous permet de progresser sur celle-ci en engageant des combats, en faisant évoluer nos villages, en acquérant des fermes et en profitant de divers items placés çà et là de la carte. S’il est bon de préciser que ce niveau est aussi régi par le tour par tour, c’est que notre équipe de héros, s’y déplace aussi en fonction d’un nombre de points de déplacements. Une fois épuisé, le tour est laissé à des groupes ennemis (engendrés par la machine), qui prendront allégrement nos objectifs, les ressources disponibles sur la carte et même nos villages. Et si celui-ci est important, c’est qu’il centralise tout notre travail de gestion et nos perspectives d’évolutions.

Fort Triumph village
Fort Triumph village

On se souvient de la première rencontre de Jon Snow et Ygrid dans GoT, quand cette dernière lui disait « ne pas vivre dans des châteaux fait de nous des sauvages ? ». En l’occurrence, oui. Nos héros et leurs compétences sont matérialisés par la multitude de bâtiments que l’on peut construire et faire évoluer autour de notre château, il convient donc de ne pas le laisser tomber aux mains des groupes gobelins ennemis quand viennent leurs tours de jeu. Aussi, c’est notre village qui nous permet d’en acquérir de nouveaux pour compléter nos équipes (jusqu’à trois, composées chacune de cinq héros maximum). Il faudra pour cela payer le prix fort, celui de la betterave, monnaie principale du jeu (avis aux amateurs de décroissance), acquise à l’issue de certains combats ou par le biais d’exploitations à dénicher sur la carte.

Fort Triumph personnage combat gameplay
Fort Triumph personnage combat gameplay

Plus généralement…

Fort Triumph nous offre aussi la possibilité de naviguer entre trois modes de jeux : campagne, escarmouche et coop locale (dont on ne parlera pas). Le mode campagne propose une histoire consistant à « sauver le peu de justice en stock » selon les premiers dialogues de la quête. Des cartons de texte font office de cinématiques, certains combats constituent des objectifs à réaliser pour faire progresser l’histoire. Or, le scénario de celle-ci s’avère insipide, les dialogues intéressants, malgré des tentatives creuse de faire de l’humour. Faute d’une bonne écriture (et probablement d’une bonne traduction française), les passages narratifs demanderons donc un véritable effort pour être surmontés.
On préfèrera donc le mode escarmouche, qui offre les mêmes possibilités, en plus du choix d’une faction (humains ou non-humains), d’un environnement à parcourir (des prairies aux cryptes, dans lesquels le jeu prend des allures jouissives de donjons et dragons) et du niveau de difficulté (l’option « mort permanente » en étant le principal curseur), le tout en nous épargnant le supplice narratif de cette parodie grossière d’héroïc-fantasy. Côté design, le jeu se veut plutôt agréable grâce à des graphismes épurés et des effets humbles. On regrettera cependant la surabondance d’éléments de décors avec lesquels le joueur peut interagir. Résultat : on n’y voit plus rien. Entre intérieur et extérieur, les environnements souvent surchargés entachent la lisibilité de la carte et nous forcent à jouer péniblement avec la caméra, sous peine de manquer sa cible. Enfin, il y a peu à attendre de la musique, dont les thèmes simples et entêtants se comptent sur les doigts d’une main…

Conclusion

À défaut de nous plonger dans une ambiance, via une histoire, des environnements, des personnages, de la musiques etc… Fort Triumph offre de vraies perspectives de divertissement, avec des mécaniques de combat et de gestion nombreuses, un caractère stratégique conséquent mais toujours ludique. Autant d’éléments qui réclament notre patience mais garantissent aussi la longévité du jeu, justifiant par ailleurs son prix (20,99 € sur Steam) … Pour un amateur comme moi, le jeu s’avère corsé (d’autant plus qu’il est difficile de démêler les fonctionnalités des différents menus, même pour le chargement d’une partie), et rien n’est acquis au joueur. Il faudra donc s’armer de détermination pour y prendre goût, alors seulement Fort Triumph se révèlera vraiment plaisant et pertinent.