[TEST] UNTIL THEN, voyage pixelisé au cœur des philippines

UNTIL THEN est l’une de ces créations rares qui transcendent le simple divertissement pour offrir une véritable expérience culturelle. Développé par Polychroma Games, un studio indépendant philippin fondé par Mickole Klein Nulud, ce jeu narratif a pris forme en 2020, en pleine pandémie mondiale.

L’histoire de sa création est aussi touchante que le jeu lui-même. Confrontée aux restrictions de déplacement, l’équipe de dix personnes s’est appuyée sur ses souvenirs personnels et Google Earth pour recréer fidèlement l’atmosphère de Manille. Cette contrainte a finalement nourri l’authenticité du projet, infusant chaque pixel d’une nostalgie palpable et d’une sincérité rare dans l’industrie.

UNTIL THEN se définit comme un jeu narratif en 2.5D qui mêle visual novel interactif et exploration latérale. Vous incarnez Mark Borja, un lycéen solitaire dont les parents travaillent à l’étranger. Entouré d’un groupe d’ami·es attachant·es comme Nicole, la nouvelle élève mystérieuse, Cath, l’amie excentrique, ou encore Ridel, Louise et Ryan, Mark navigue dans les eaux tumultueuses de l’adolescence.

UNTIL THEN se déroule en 2014, dans un monde marqué par une catastrophe mondiale appelée « The Ruling » (le Décret). Mark Borja voit sa vie basculer après une rencontre mystérieuse, alors que des gens disparaissent et que ses souvenirs deviennent de plus en plus flous.

Ce qui commence comme un récit d’adolescence ordinaire se transforme progressivement en une exploration touchante des thèmes universels que sont la mémoire, le deuil, la communication et l’acceptation du changement. La structure narrative ingénieuse du jeu, qui joue avec les boucles temporelles et les réalités alternatives, reflète les méandres de la mémoire humaine et notre rapport complexe au passé.

Ce qui distingue véritablement le système de jeu est son utilisation innovante d’un smartphone virtuel. À travers cet outil, interagissez avec le monde numérique des personnages. Cette mécanique, loin d’être gadget, s’intègre parfaitement à l’expérience narrative et reflète avec justesse l’importance des technologies dans la vie des adolescents contemporains. En revanche, le smartphone n’est disponible que lorsque le jeu l’autorise et pour une utilisation particulière, comme les réseaux ou les messages, où lorsque Mark reçoit un mail. Il n’est pas possible de naviguer à travers le téléphone.

Par ailleurs, les mini-jeux disséminés tout au long de l’aventure comme les Jeux de fête foraine, sessions de peinture, ou piano, enrichissent l’immersion et célèbrent la culture philippine sans jamais tomber dans le cliché. Je trouve en revanche la pratique du piano bien trop difficile, mais je suis peut-être un peu trop exigeante de par mon passé de Guitar Hero.

Le pixel art, nostalgie et profondeur culturelle et émotionnelle

L’ambition de Mickole Klein Nulud était claire dès le départ : créer une œuvre profondément ancrée dans la culture philippine tout en transmettant des émotions universelles. Contrairement à de nombreux jeux qui exploitent des cultures exotiques comme simple décor, UNTIL THEN plonge le joueur dans une représentation fidèle et respectueuse de la vie quotidienne aux Philippines.

La ville fictive de Liamson, inspirée de la région métropolitaine de Manille, n’est pas qu’un simple arrière-plan. Elle vit, respire et raconte l’histoire d’un pays rarement représenté dans le jeu vidéo. Des détails comme la gastronomie locale, l’architecture, les traditions familiales et le mélange linguistique entre tagalog et anglais témoignent de l’attention méticuleuse portée à l’authenticité culturelle. Cette immersion est d’autant plus précieuse qu’elle nous fait découvrir la chaleur humaine, la spontanéité et la résilience qui caractérisent la société philippine.

L’esthétique visuelle d’UNTIL THEN repose sur un pixel art haute définition magnifiquement exécuté qui se déploie dans des environnements 3D. Ce choix artistique n’est pas anodin : il crée un pont entre passé et présent, entre simplicité graphique et profondeur émotionnelle.

Les sprites 2D évoluent dans des espaces tridimensionnels où la lumière joue un rôle crucial dans l’établissement de l’ambiance. Les effets d’éclairage dynamiques, les ombres portées et les reflets ajoutent une dimension cinématographique à l’ensemble. Cette combinaison unique permet des plans rapprochés expressifs où chaque pixel raconte une émotion. La restriction volontaire du nombre de pixels ne limite pas l’expression ; au contraire, elle la concentre, forçant les artistes à communiquer l’essentiel avec une économie de moyens qui rappelle la poésie.

Au début déroutante, l’histoire peine à s’installer rapidement et on se retrouve à lire une multitude de dialogues honnêtement sans intérêts. Puis l’histoire continue, continue, continue, et malgré tout je me suis attachée aux personnages. Mon intuition me disait que le jeu ne se terminait pas là, et elle fut juste puisqu’en relançant une partie par curiosité (après une première fin très touchante), l’intro de la deuxième partie est complètement différente de la première fois ! Et s’ensuit les mêmes évènements se déroulant d’une façon complètement différente pour vite arriver à des sections de l’histoire complètement inédites. Heureusement, dans les parties suivantes, les dialogues font tous avancer l’histoire très rapidement et apportent de nouvelles informations.

Le ton est donné, il faut de la patience pour apprécier UNTIL THEN. Au fil des parties, on redécouvre les personnages on en découvre d’autre qui sont encore plus attachants, et mine de rien, on se laisse porter complètement par cette histoire très différente de ce qu’on peut voir habituellement, de par l’histoire du pays d’origine, au cœur des philippines.

Le jeu est clairement pour un public patient, qui aime lire ou l’histoire se pose comme une multitude de pétales sur le sol pour former un parterre fleuri qui prend tout son sens.