[TEST] Selfloss, Un voyage à travers la douleur et la lumière 11

[TEST] Selfloss, Un voyage à travers la douleur et la lumière

Selfloss est une aventure poétique signée Aleksandr Goodwin, où vous incarnez Kazimir, un guérisseur cherchant à apaiser son âme meurtrie. Plongez dans un univers inspiré du folklore slave, entre ombres et lumière, et affrontez des défis qui explorent les thèmes de la perte et de la guérison. Kazimir parviendra-t-il à accomplir le rituel interdit du Selfloss et à retrouver la paix intérieure ?

Jeu : Selfloss Genre : Aventure/Puzzle Studio : Goodwin Games Editeur : Goodwin Games / Merge Games / Maximum Entertainment Date de sortie : 5 septembre 2024 Plateformes : PC Windows, PS5, Xbox Series, Nintendo Switch PEGI 12 Prix conseillé : 24,99€ solo Testé sur : PC (Clé fournie par l’éditeur)

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Dans la neige

Selfloss, voici venu le temps des deuils et des chants

Kazimir est un guérisseur à la recherche d’un rituel interdit, le Selfloss, afin de guérir son âme ayant connu bien des déchirures. Initialement renvoyé du royaume des morts afin de pouvoir se soigner, il embarquera dans un périple l’amenant à accompagner les âmes défuntes. Rencontrant des créatures légendaires, des monstres infâmes, des morts bavards et des vivants taciturnes, vous devrez mener à bien les diverses missions données par le monde qui vous entoure, armé de votre bâton de lumière, de votre courage et d’une faucille pour toutes armes.

Le jeu est signé Aleksandr Goodwin, un développeur russe ayant déjà produit Maru, Algotica et Mechanism, ces deux derniers faisant déjà la part belle au puzzle et à l’aventure sur fond mélancolique. Initialement commencé en 2020, le développement du jeu a connu bien des tourments puisque son auteur a dû fuir la Russie suite à l’invasion de l’Ukraine, ce dernier s’opposant alors aux décisions du gouvernement de son pays. Et si le jeu s’inspire du folklore slave et des légendes de cette culture, on y trouve aussi beaucoup de références et de thématiques habituellement présentes dans les jeux des pays de l’Est, l’isolement, la perte d’un foyer ou l’errance (comme ç’a pu être le cas dans Indika par exemple).

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Ombres des marais

Un jeu qui ne nous mène pas en bateau, enfin si… mais enfin vous voyez la blague ?

Selfloss vous fait vous réveiller dans un monde sombre, très sombre, bien loin de tout. Vous découvrez que, contrairement au guerrier habituel ou à la combattante badass, votre protagoniste est un vieil homme muni d’un simple bâton. Dit comme ça, cela peut sembler décevant, mais ce n’est pas un bâton sans intérêt : il transporte une lumière divine, seul rempart face au Miasme, une substance dont l’origine reste inconnue et qui s’invite même au royaume divin.

Le Miasme : Une menace omniprésente

Le Miasme détruit toute flore sur son passage, ravage la faune, et les quelques humains qui n’en sont pas morts se transforment en créatures infâmes et pustuleuses. La déesse que vous servez vous demande, en échange de votre retour dans le monde des vivants, de la débarrasser de cette horreur qui a pris le contrôle d’une ville au royaume des morts. Cette première épreuve vous permet de vous familiariser avec le maniement du bâton : vous devrez brandir sa lumière pour détruire les barrières miasmatiques, activer des interrupteurs, éclairer les monstres pour défaire leur enveloppe corporelle, et manier précisément le faisceau de votre magie.

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Passage sur un pont tronc

Une prise en main déroutante

Des contrôles peu conventionnels

Très vite, un point déstabilisant apparaît : l’ergonomie du jeu. Le bouton d’action se trouve sur la gâchette gauche, la visée du bâton se fait avec le stick droit, et son activation avec la gâchette droite. Habitué à l’action sur le bouton du bas et au saut sur le bouton droit, j’ai été surpris. Ici, le bouton de saut devient une roulade, le soin se fait avec le bouton gauche, et le bouton du bas sert à sprinter. Le contrôleur semble conçu de manière étrange, et il faut un temps d’adaptation avant de s’habituer à cette gymnastique peu intuitive.

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Raie

Bugs et problèmes techniques

Il arrive aussi que les hitboxes ou les interrupteurs buguent parfois, ce qui est vraiment dommage. Si certains joueurs peuvent être patients et s’adapter pour voir ce que le jeu a à offrir, d’autres risquent d’être rebutés par ces défauts techniques. Par ailleurs, certains mouvements de caméra sont trop lents ou nécessitent de tâtonner avec le personnage pour déclencher un déplacement. Cela crée souvent de la frustration, nous empêchant d’avancer ou nous interrompant dans notre élan pour des raisons techniques.

Heureusement, le développeur est à l’écoute et travaille sur des mises à jour pour résoudre ces problèmes. Pour un créateur indépendant ou presque, c’est appréciable, et on peut espérer que ces défauts s’estomperont au fil des correctifs.

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En bateau

Un plaisir de naviguer en bateau

Si le contrôle du héros a ses défauts, celui des parties en bateau est, quant à lui, très agréable. Voir notre embarcation fendre les flots, parfois idylliques, parfois sordides d’une mer rouge du sang des orques, ou encore à travers les vagues agitées d’une tempête, est un vrai plaisir. Tout est parfait à ce niveau-là, même si on peut regretter que le level design suggère parfois des recoins cachés qui sont en fait inaccessibles.

Une progression en chapitres et en défis

L’aventure est divisée en quatre chapitres, vous menant dans des zones de plus en plus vastes, avec des puzzles dont la difficulté croît progressivement. Même si le jeu ne brille pas par sa difficulté, il offre un challenge plaisant, que ce soit dans l’exploration ou dans la stratégie des combats. D’abord un monstre, puis un plus fort, ensuite trois monstres basiques, et enfin un gros chaos qui vous oblige à manier à la fois la faucille et le bâton.

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Cahute de pêcheur

Une gestion délicate des ressources

Votre santé est précieuse, mais s’approcher du Miasme comporte aussi des risques. Il faudra faire attention à ce que votre jauge de santé ne baisse pas trop et à ce que celle du Miasme n’augmente pas trop, car la Mort vous attend dans les deux cas. La gestion de ces ressources devient donc une composante essentielle de votre survie.

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Baleine

Plus loin que la nuit et le jour

Ce monde, on y croit et on est plongé dedans. Des terres sombres et froides, où grouillent des ombres, aux forêts habitées par les sirènes, en passant par un village de pêcheur sous le joug d’un horrible magicien noir, Selfloss vous emmène pendant une dizaine d’heures au travers de 4 chapitres. Ce voyage nous transporte dans un univers qui saute d’une émotion à l’autre : l’effroi, la solitude, le réconfort, la tristesse, la fascination ; ce monde est magnifique à explorer et offre beaucoup plus qu’il ne semble.
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Tempête

Une exploration immersive et pleine de lore

L’univers de Selfloss regorge de détails, et son lore se découvre peu à peu. Des illustrations disséminées partout dans le jeu, et des pierres runiques racontent son Histoire. Je n’ai aucune idée d’à quel point c’est inspiré de contes existants ou pas, j’ai ici et là reconnu deux trois noms ou bribes entendues ailleurs, mais ce gros mélange culturel prend et offre un ensemble cohérent dans lequel on plonge sans se lasser. Errer dans les ruines d’une guerre infâme et côtoyer ainsi la mort comme la renaissance nous met dans une ambiance étrange et nous dispose à ressentir tout un tas d’émotions comme peu de jeux savent nous en offrir, le tout sans jamais franchir la barrière du trop-plein. Tout est bien dosé, tout est beau et la magie opère.

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Bonjour madame

Une direction artistique envoûtante

Un des gros points forts de Selfloss est sa direction artistique. Si Goodwin Games nous a habitués à des choix visuels et sonores forts, ici, il semble maîtriser d’autant plus ses outils. Des effets de lumières, des effets sonores, des musiques, tout glisse dans les oreilles et les pupilles avec délectation et il m’est arrivé, malgré avoir fini le jeu à 100% de me refaire un niveau pour le simple plaisir d’explorer à nouveau. Je ne vous dirai pas que la fin m’a fait pleurer parce que je serais un gros bébé cadum mais la fin m’a fait pleurer.

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Rayon switch

Selfloss, une œuvre imparfaite, mais fascinante, à découvrir absolument

Selfloss est un excellent indé. De l’aveu même de son créateur, beaucoup de mécaniques ont dû être rabotées à cause du temps, de la situation politique à fuir et autre. On sent parfois dans le contrôleur des mécaniques n’ayant pas vraiment d’utilité en jeu (le sprint, la roulade d’esquive) ainsi que des pans entiers de l’univers méritant peut-être plus d’exposition, mais cela participe aussi au mystique de ce titre. Travaillant activement dessus encore aujourd’hui, Goodwin Games nous offre un petit bijou malheureusement encore trop confidentiel et j’espère que vous saurez être curieux de ce que le jeu offre en termes d’ambiance et d’émotions, car une telle rareté de narration qui sait offrir autant d’émotions, c’est suffisamment peu commun pour qu’on se penche dessus.

Graphismes
10
Musiques
9
Gameplay
6.5
Durée de vie
7
Passe la souris sur la barre pour noter le jeu0 Note
0
Les +
Un univers riche et beau
La variété des niveaux permet un dépaysement à chaque chapitre
Beaucoup d’émotions
Musiques sublimes
Les -
Un gamefeel trop imprécis
Un level design parfois étrange
Trop de bugs de caméra et d’inputs
8.1