SCHIM est sorti de l’ombre le 18 juillet 2024 : qu’est-ce que c’est que ce plateformer monochrome où l’on joue une grenouille (?) qui fuit le soleil ?
SCHIM : OMBRE ET LUMIÈRE
Sommaire
Ewoud van der Werf aime la lumière : c’est un concept incroyable pour créer du gameplay ! Elle protège, elle dégage un chemin, elle crée un cône de vie. C’est là qu’on joue et qu’on survit, étant donné que c’est dans l’ombre que la menace rôde. Fantômes, dédales, vampires et illusions, la lutte entre l’obscur et la lueur bat son plein dans le jeu vidéo : Shady Part of Me, Creaks, HardAF, ces plateformers jouent tous sur la tension dynamique qu’il y a entre le connu et l’inconnu. Entre ce que la lumière révèle et ce que cachent les ténèbres.
Mais je vous parlais d’Ewoud. Ce développeur néerlandais spécialiste de la 3D explore encore une fois les potentialités nées de la rencontre entre l’ombre et la lumière. Son premier jeu que vous trouverez sur Itch.io, Lantern Game, bricolé en 48h lors de la Global Game Jam 2021, vous proposait de jouer un sorcier perdu dans la nuit contraint de se frayer un chemin à coup de vers luisants capturés dans une lanterne… La réalité s’y transforme au contact de la lumière et devient – un peu – moins oppressante, pour quelques instants.
Dans SCHIM, on inverse ce concept : en tant que petite âme, le Schim (« ombre » en néerlandais) suit son hôte… comme son ombre.
MARCHE À L’OMBRE
D’abord chevillé à son corps, le Schim se meut avec lui et le Schim le meut. Vous faites donc connaissance avec ce jeune garçon à qui vous devez l’existence (et réciproquement), depuis ses premiers jeux dans un jardin d’enfants, ses premières amitiés et ses premières amours… jusqu’à l’inévitable accident de vie qui brisera le lien qui vous unit. Livré à lui-même, le Schim doit retrouver son hôte à travers la ville, son mobilier urbain et ses habitants. Mais toujours dans leur ombre.
Il s’agit donc de vous frayer un chemin pour retrouver votre propriétaire. Mais plot twist : vous n’êtes pas à Paris, les rues ne sont pas jonchées de détritus et d’excroissances, on ne se marche pas dessus sur les trottoirs et il y a plus de vélos que de voitures… Bref, les Pays-Bas c’est tellement propre et bien rangé que vous ne trouverez pas si facilement une ombre pour accueillir votre prochain saut.
Les ombres ici, sont vivantes : d’autres Schim les habitent et elles sont parfois élastiques, rebondissantes, interactives : vous pouvez faire passer le feu au rouge à cette intersection, libérant le flot des voitures qui vous permettront de franchir cette étendue d’asphalte ensoleillée, actionner le bras de cette machine pour déformer son ombre, activer des plates-formes à ressorts, des klaxons, faire frissonner les arbres et ouvrir les poubelles.
C’est donc une ballade poétique et légèrement casse-tête qui vous attend dans SCHIM !
UN JEU TOUT DOUX
Le jeu se présente sous forme de décors plus ou moins étendus en vue isométrique, où une ligne claire délimite les différents volumes de ce monde en 3D monochrome. Souvenirs bleus de l’enfance, journée chaude baignée d’orange, nuit américaine, chacun de ses 65 chapitres porte sa couleur, son ambiance, où seules les ombres contrastent.
Le jeu est beau, épuré. Ses ambiances sonores et musicales sont mélancoliques, son histoire simple et touchante, le parcours léger… Il propose une foule de trophées, de petits secrets cachés et d’interactions marrantes avec les différents objets que vous hanterez.
Le jeu est permissif, pas vraiment difficile et peu punitif. Si vous tombez assez près d’une ombre après un saut, son magnétisme vous fait plonger dedans et si vraiment vous vous ratez, un second saut, plus court, vous permettra de couvrir la distance restante. Certains niveaux sont de simples successions de saute-mouton, d’autres corsent un peu le défi : objets en mouvements, ombres modulables, détours cachés… SCHIM mérite bien son qualificatif de wholesome game.
L’OMBRE D’UN DOUTE
Toutefois, il y a bien quelques ombres au tableau… Ainsi, la vue isométrique complique sérieusement les choses à cause d’une perception faussée de la perspective. On se demande souvent où l’on va atterrir au juste ? Le jeu ne réclame pas une grande précision, mais ça peut provoquer un peu de confusion et d’inconfort visuel.
Sans compter une caméra très rigide (4 points de vue possibles seulement avec un passage de l’un à l’autre malaisé pendant un déplacement) avec laquelle il faut – difficilement – composer. On ne s’attend pas forcément à souffrir de motion-sickness sur de l’isométrique…
Tout comme on ne s’attend pas à voir ramer sa machine sur une 3D monochrome sans textures ni reflets. J’ai testé SCHIM sur PC, ce qui m’a durement rappelé combien l’optimisation de nos chers indés, c’est le nerf de la guerre. Freeze, plantages, vrombissement des ventilos : l’ambition de SCHIM s’est brisée sur l’écueil de mon modeste matériel.
On pourra également considérer que le jeu souffre quelque peu de la simplicité de son concept, sa longueur (une poignée d’heures, davantage si vous partez à la chasse aux trophées) accusant quelques monotonies. Le gameplay est forcément redondant mais certains chapitres proposent des mécaniques plus chatouilleuses (comme traverser une usine de cartons sur des convoyeurs en mouvement).
CONCLUSION
Paisible, SCHIM est un plateformer en forme de puzzle-game attirant visuellement. Il vous raconte une histoire intime, avec un concept simple. Facile à prendre en main, il vous offre une balade dans les rues propres et accueillantes d’une ville baignée de lumières pastelles. Vous aurez grand plaisir à le lancer et le relancer pour naviguer dans ses ambiances, débusquer ses secrets et ses détails vivants.
On le recommande plutôt sur console, un jour de pluie, avec une bergamote et juste après une séance de souvenirs émus sur vos albums de famille…
La démo est disponible sur Steam ! Jetez-y un œil sur Let’s Frag !