À l’origine de la franchise Kingdom, il y avait un étudiant en animation, Thomas van der Berg (aka Noio) qui voulait essayer des trucs. D’abord il a fait un cheval avec quelques pixels. Ensuite, il a mis un roi dessus. Puis c’est devenu tout un royaume et en 2013, une première version sort en flash : ultra minimaliste, le jeu consistait à lever des murs le jour et à taper des mobs la nuit. Depuis, il a été porté sur les principales plates-formes et chaque nouvel opus a été une occasion d’en nourrir le gameplay. Après Kingdom Classic en 2015, puis New Lands en 2016, Kingdom Two Crowns débarque sur PC, Xbox One et PS4 en 2018, avant d’être porté sur iOs et Android en 2020. Vous n’avez donc plus aucune excuse pour ne pas y jouer.
Petit nobliau, vous n’êtes plus seul sur votre île ! Vous êtes accompagné cette fois de votre dame dans votre œuvre civilisatrice : bouter les petits monstres avide hors de votre île et, en arpentant vos terres d’est en ouest, construire des murs bien durs toujours plus loin, toujours plus haut, au sein desquels vos sujets se sentiront en sécurité.
Pour cela, vous ne possédez que deux choses… non, trois : votre couronne, sans laquelle vous n’êtes plus rien, votre bourse, sans laquelle votre couronne ne vous sert à rien, et votre monture, qui vous soutient vous, votre couronne et votre bourse.
KINGDOM TWO CROWNS, BÂTISSEZ, EXPLOREZ, DÉFENDEZ, CONQUÉREZ !
Sommaire
À l’aube d’un nouveau jour, vous pénétrez sur vos futures terres, toutes de pixels vêtues. Du très joli pixel au réalisme étonnant, qui dessine des paysages enchanteurs : bois, rivière, petite pluie fine, prairie, et un grand ciel que vous allez rapidement prendre l’habitude de surveiller. On espère que vous aimez galoper : ce jeu en side-scrolling s’arpente à qui mieux mieux. À deux, c’est moins fastidieux : on s’attribue un côté chacun·e et les cochons sont bien gardés.
Les interactions avec vos sujets et l’environnement sont rudimentaires : il ne s’agit toujours que d’argent. Une piécette pour recruter un mendiant ou abattre un arbre, trois louis d’or pour leur confectionner des outils, un pactole tout entier pour monter les murs les plus robustes. On dit que « l’argent » est la réponse à 90% des questions qu’on peut se poser dans la vie… eh bien dans Kingdom Two Crowns, ça grimpe à 100%. En retour, vos sujets travailleront et… vous ramèneront plus d’or, tout en défendant vos murs.
On pousse les murs en grignotant de la forêt et du territoire sur les Rapaces en détruisant leurs portails maléfiques, on améliore son château, ses tours et de nouveaux bâtiments apparaissent au fil de votre expansion : de nouveaux soldats, de nouvelles armes… Avec la place vient aussi l’agriculture : à la chasse succède la plantation, autrement plus rémunératrice : il suffit de traverser un champ pour bénéficier d’une véritable golden shower…
Oui, l’argent, l’argent, je n’ai que ce mot-là à la bouche. C’est que vous allez en avoir besoin, et pas qu’un peu. Car vous n’allez pas gérer une île, ni deux îles, ni trois îles, ni quatre îles, mais bien cinq îles. Et revenir au moins une fois sur chacune d’entre elle.
En effet, quand vous aurez bien agrandi vos terres et relativement pacifié la zone, il sera temps de partir pour de nouveaux horizons à bord d’un bateau que vous aurez préalablement réparé (moyennant monnaie, bien sûr) et rempli de quelques hommes : une nouvelle île… et un nouveau départ à zéro.
Vous devrez donc prendre possession de cinq îles et régulièrement revenir aux précédentes, jusqu’à avoir découvert tous les bonus et toutes les améliorations de bâtiments, toutes les montures (mention spéciale pour le cerf séducteur de biches, ainsi qu’à la licorne qui chie de l’or), tous les PNJ spéciaux, détruit tous les portails ennemis et anéanti toutes leurs grottes, qui sont le véritable nid de ces miasmes cupides.
COUINEZ MAINTENANT !
Kingdom Two Crowns est un jeu peu bavard (en fait il est quasiment muet) et il y a fort à parier qu’au début, si vous n’êtes pas accompagné·e par un ou une joueuse un peu connaisseuse, vous allez patauger. Il fait quoi ce PNJ ? Elle sert à quoi cette maison dans les bois ? Qu’est-ce que je dois faire en priorité ? Et ensuite ? Il est où le mur que j’ai construit hier ?
Ces questions, on se les est toustes posées camarade ; on est ensemble. Et tu trouveras toutes tes réponses dans un des multiples wikis que le jeu a fait naitre, par exemple celui-là (en anglais mais très complet).
Le gameplay est simple, mais retors et punitif. Une erreur de timing, et c’est foutu. Foutu, foutu, foutu. Si le mur dont tu as lancé la construction un peu tard dans la journée, la veille, n’a pas eu le temps de se construire, ou qu’il était juste trop faible pour supporter la charge nocturne, alors ne cherche pas : il a été détruit, les ennemis sont passés et ont dépouillé sur leur passage tous les manants qu’ils ont croisés.
Il faut bien comprendre que le temps qui passe est un élément crucial de Kingdom Two Crowns, et cette mécanique est particulièrement bien gérée :
– Le cycle jour/nuit est à surveiller : on ne s’éloigne pas trop passé midi, sous peine de ne pas être rentré·e à temps avant la nuit. De même, les constructions doivent être lancées le plus tôt possible, au petit matin, pour ne pas risquer d’avoir des gens dehors au moment de l’attaque.
– Tous les 5 ou 6 jours, c’est Lune Rouge ! Les ennemis sont (beaucoup) plus nombreux, ça va être l’occasion de voir si vos défenses tiennent la route… L’attaque n’a lieu que d’un seul côté du camp, mais contrairement aux autres jours, elle ne prend fin qu’à l’entière désintégration de tous les ennemis (les jours « normaux » les ennemis font demi-tour à l’aube). Elle sera toutefois suivi d’un jour « bleu », sans attaque.
– Tous les 16 jours, on change de saison. Le printemps, l’été et l’automne, vous chantez, vous dansez, tout va bien (d’autant que la musique d’Amos Roddy vous enjaille joliment). Mais l’hiver venu CRAC vous déchantez, vous dédansez. La neige recouvre le sol, les animaux ne sortent plus, les rivières gèlent… et les champs ne produisent plus rien. Fini les golden shower. C’est pourquoi vous devez impérativement mettre de l’argent de côté dès que vous le pouvez auprès de votre intendant, afin de pourvoir à vos besoins lorsque la bise sera venue, parce que 16 jours… c’est long.
– Plus les jours passent et plus les ennemis sont nombreux à vos portes. Vous avez donc tout intérêt à ne pas faire trop trainer le développement de votre cité sur chaque île. Mais pas (trop) de panique : au début du jeu les ennemis sont peu nombreux, c’est au fil du temps, de vos explorations des différentes terres et de la destruction des portails qu’ils vont devenir vraiment méchants. De nouveaux monstres vont apparaitre, des gros qui vomissent des petits, des volants qui kidnappent vos PNJ, des sauteurs qui comptent s’en prendre uniquement et personnellement à votre honneur, tous plus déterminés les uns que les autres à vous faire sauter la couronne de la tête.
– Une dernière petite mécanique va mettre vos nerfs à rude épreuve : l’endurance de votre monture, qui rythme vos déplacements et vous imposera, probablement au pire moment, un pas asthmatique entre deux galops enivrants… Vous ne tarderez pas à mettre votre cheval à l’étable pour monter des créatures autrement plus fancy, ours, griffon ou cheval en arme.
Au risque de me répéter, je vous donne deux conseils… non trois : gardez des bourses bien remplies, ne lancez pas de constructions inconsidérées après midi et surtout, surtout, ne vous aventurez pas derrière les lignes ennemies en fin de journée.
Si d’aventure vous veniez à mordre la poussière (concrètement : si vous avez perdu votre couronne, vous et votre éventuel·le partenaire), ce sont vos héritiers qui reprendront le flambeau, sur l’île précédente, presque pas dévastée.
SIMPLE, BASIQUE
Kingdom Two Crowns offre donc un gameplay ardu, mais foutrement simple : avancez avec le stick (n’importe lequel), galopez avec la gâchette (n’importe laquelle) et payez avec le bouton (A ou B). C’est tout. Aucune information ne s’affiche à l’écran, si ce n’est, occasionnellement, ce petit fantôme qui vous indique où aller pour utiliser tel PNJ ou rejoindre votre partenaire qui s’apprête à prendre le large.
Cette simplicité possède deux revers. La répétition, tout d’abord. Même si vous allez faire évoluer vos îles et que le gameplay sera un peu changé par les montures et buffs que vous débloquerez, vous ferez toujours la même chose : galoper, payer. Monter des murs, monter des tours, embaucher des pécores, en boucle. Ce genre de proposition, personnellement, m’apporte confort et satisfaction mais pourrait déplaire à d’autres profils de joueureuses.
Le second revers, c’est l’indifférenciation des différentes commandes et le missclick sans retour possible : pour peu que cet arbre soit devant ce buisson, vous allez couper le premier au lieu de récolter le second, ce qui peut s’avérer dramatique, certaines constructions disparaissant lorsque vous coupez les arbres qui les encadrent. Pas de retour en arrière possible : dans Kingdom Two Crowns, vous ne pouvez pas annuler un ordre ou démolir une construction.
Réfléchissez-y donc à deux fois, prenez votre temps (mais pas trop, hein) et bon sang de bois, consultez le wiki ou bien vous vous dégouterez doucement mais sûrement de ce jeu qui mérite vraiment, vraiment votre temps.
CONCLUSION
Kingdom Two Crowns, c’est un jeu malin, un concept joliment animé, délicieusement mis en musique et sous la simplicité de son gameplay, c’est tout un monde d’angoisse de voir le soleil se mouvoir au-dessus de l’horizon qui s’offre à vous. À deux, il vous procurera des émotions sincères, intenses (« Ils arrivent ! Ils arrivent ! Le premier mur est tombé ! Le premier mur est tombé ! Ma courooooooooonne !) et répétées (toutes les nuits, donc). À long terme, le jeu souffre certainement de cette répétitivité, mais le contenu apporté par rapport aux précédents opus lui confère une durée de vie très honorable avant que vous ne vous en lassiez.
Cette dernière version est vendue avec deux biomes – occidental ou japonisant – et un DLC de type nordique vous offrira quelques fonctionnalités supplémentaires, comme invoquer des dieux vikings. Le 26 juin 2023 est également sorti un stand-alone, Kingdom Eighties, fortement inspiré de la série Stranger Things, dans lequel vous mènerez une petite bande de gamins à vélo à travers les dangers de son univers rétro.