Parmi mes nombreuses passions (allant des instruments débiles comme la flûte de nez, à la consommation de vidéos silencieuses de menuiserie) ; il y en a deux prenant une place relativement importante dans ma vie depuis dix ans : les jeux vidéo et les cartes Magic. Si je suis conscient de l’odeur de cette phrase, c’est parce qu’elle me permet de trouver une ouverture simple pour vous parler d’un jeu sorti début décembre sur Nintendo Switch, et ce jeu, c’est Inscryption.
Inscryption, huis-clos de génie
Sommaire
Inscryption, c’est un titre édité par Devolver Digital et conçu par Daniel Mullins, un développeur indépendant de Vancouver dont les jeux sont issus des nombreuses gamejams auxquelles il participe. Voilà. Je vous avoue que ce test sera étrange à lire. Parce que ce jeu fait partie d’une catégorie assez particulière : les “t’asvuleeeeee ?”. Pour ceux qui ont joué à Outer Wilds, vous voyez très bien de quoi je parle : Ces jeux qui ne demandent qu’à être découvert, décortiqué, compris par le joueur sans lui donner d’explication claire et le tout avec une progression parfois non linéaire, ce qui occasionne des discussions où chacun veut parler avec passion d’un aspect, mais sans savoir si la personne en face a découvert déjà ce moment du jeu où cette mécanique. Alors ça donne des “Et, alors j’sais pas où t’en es, mais à un moment, y’a un truc qui fait que tu vas comprendre totalement le début et j’sais pas si t’as fait gaffe mais -Si ! Je vois exactement de quoi tu me parles, et t’as vu leeeeee ? Ah non, tu m’as dit que t’en étais là, non bon ben j’te dis rien“. Voilà, Inscryption fait partie de cette catégorie d’œuvres vidéoludiques, et rien que vous écrire ça, ç’en est déjà trop.
On se fait une partie de cartes ?
Vous vous réveillez dans une cabane. Face à vous, deux yeux glauques vous fixent et vous invitent à jouer à une partie de cartes macabre. Une de vos cartes, l’Hermine, essaie de vous parler, mais la chose lui intime l’ordre de se taire. La voix en face vous demande si vous vous souvenez de quelque chose et, devant votre amnésie, va vous conter ce qu’il s’est passé. Au travers d’une carte façon Slay The Spire, vous allez avancer, construire votre deck au fur et à mesure de vos parties. Les cartes, les mécaniques, l’intrigue se dévoilent peu à peu et vous ferez face à divers combats dans lesquels le seul but sera d’infliger suffisamment de dégâts à votre adversaire pour que la balance symbolisant les points de vie penche de son côté plutôt que du vôtre. Pour ceci, vous devrez user de stratégie, construire intelligemment votre deck et donner de votre personne au sens parfois le plus littéral. Cependant, et je me refuserai à en dire plus, tout ne se passe pas uniquement sur le plateau de jeu devant vous ; n’hésitez pas à vous lever de votre tabouret et explorez les environs de cette inquiétante bicoque…
L’art de poser une ambiance
Inscryption est une petite merveille de game design, d’inventivité et d’ambiance. Le sound design m’a rarement frappé d’entrée de jeu, mais force est de constater qu’outre une direction artistique visuelle aux petits oignons, les sons, les bruits, les musiques participent à une immersion complète dans cet univers froid et cauchemardesque. Que ce soit les coups de pioche lancinants du Mineur, les bruits d’arrachement occasionné par la pince, ce mystérieux claquement et ces flashs derrière la porte de la cabane, les bruits de vos pas sur le plancher grinçant… Un grand soin a été apporté par Jonah Senzel qui signe toutes les ambiances et bande son des jeux de Daniel Mullins; et cette nouvelle collaboration est bienvenue. Graphiquement, on est sur un mélange très savoureux, de low-poly, de 3D stylisée, et de bien d’autres choses. Mention spéciale à l’ergonomie, impeccable à tous niveaux.
Conclusion
Clairement, Inscryption est un de mes coups de cœur vidéoludiques. J’ai rarement été aussi pris dans une telle ambiance, emporté dans une telle intrigue et ce mélange de genre entre jeu de stratégie, escape game, aventure en fait une expérience comme on aimerait en vivre plus souvent dans le jeu vidéo. Je vous jure que c’est un des tests les plus frustrants à écrire et je ne peux que compatir à votre douleur qui rappelle les meilleurs “J’connais un secret mais j’te le dirai pas” de nos enfances. Je n’ai qu’une seule chose à ajouter : 01101010 01101111 01110101 01100101 01111010 00100000 11000011 10100000 00100000 01101001 01101110 01110011 01100011 01110010 01111001 01110000 01110100 01101001 01101111 01101110