Image représentant Hornet en train de se lier à un sort de Soie
Hornet, 50% Araignée, 50% Drama Queen, 100% badass

[TEST] Hollow Knight : Silksong

Paris, France, 2019. Au post-E3 de Nintendo, dans un coin sombre, trône une borne de jeu à l’essai. Je sens son appel. Dans ma tête, une voix me rend fou. Sans plus tarder, je m’avance et sitôt que je pose les mains sur cette manette, j’entends son cri.

“SHAAAAW”

Il y a six ans, après un an et demi d’attente depuis l’annonce, j’eus l’immense chance de pouvoir incarner Hornet, la protagoniste de Hollow Knight : Silksong.. Et puis plus rien. Le trou noir. Très vite la folie, sur la toile, a régné. Chaque présentation de l’E3, de la Gamescom, les Nintendo Direct, State of Play, ce mot revenait sans cesse “Silksong ?”. Ils nous ont même poussé à regarder le PC Gaming Show… Consumés par l’attente, le subReddit r/silksong en est venu à traquer les changements dans la database de la page Steam du jeu. Riez, riez s’il vous en prend l’envie mais sachez que pour beaucoup d’entre nous, le nez de clown était devenu un drapeau réconfortant dans le silence assourdissant.

Acceptant notre sort, nous nous sommes recroquevillés dans nos cocons, ne levant la tête que pour demander encore une dernière fois “Silksong ?” dès qu’une annonce quelconque était promise. Et puis vint ce jour fatidique, connu par tous les manieurs d’aiguillon comme le jour de la Trahison. Hollow Knight : Silksong revient et se montre. Et derrière lui, la promesse d’un constructeur : Oui, il sortira bien dans un an. Mais nous fûmes tous dupés, car une autre année fut forgée. Errant dans les ruines de notre attente, certains préféraient se dire que le jeu ne sortirait jamais. D’autres espéraient sans faiblir. J’étais de ceux-là. Moqués, traînés dans la boue, nous fîmes d’innombrables prières pour n’apercevoir qu’un rayon de la Radiance retrouvée.

Et nos prières furent entendues. Peu à peu, des choses se mirent en mouvement à l’Ouest profond, dans les terres d’Adelaide. La Team Cherry sortit enfin de sa chrysalide, et, dans un fracas terrible qui fissura jusqu’aux montagnes de Jupiter, nous donna les huits chiffres tant attendus : 04/09/2025.

Bref, Hollow Knight : Silksong est là, qu’est-ce qu’il vaut ?

Jeu : Hollow Knight : Silksong Genre : Metroidvania Studio : Team Cherry Editeur : Team Cherry Date de sortie : Date de sortie : 4 septembre 2025 Plateformes : PC Windows, PS4, PS5, Xbox Series, Nintendo Switch, Nintendo Switch 2 PEGI 7 Prix conseillé : 19,50€ solo Testé sur : Nintendo Switch 2
Image représentant Hornet en train de sauter au dessus d'un précipice
Faites attention à ce trou, je vous en conjure

Hollow Knight : Silksong, aux origines d’un mythe alimentaire

Hollow Knight : Silksong, c’est la suite la plus attendue d’un jeu indépendant au succès phénoménal, Hollow Knight. Développé par la petite équipe de Team Cherry, ce metroidvania fait à quelques mains naît dans l’ambiance caféinée d’une Game Jam. Nommé Hungry Knight, le jeu met en scène un petit insecte qui se renforce en aspirant la vie de ses ennemis.

Un financement participatif réussi pousse les Australiens à se lancer dans le développement d’une version commercialisée et plus complète du jeu. Un des paliers atteints de ce financement promettait un DLC où nous incarnions Hornet, une mystérieuse épéiste que l’on croise à plusieurs reprises dans notre aventure. Mais le temps passant, aucune nouvelle de cette extension. Le titre obtenant pourtant du contenu avec La troupe de Grimm, le Panthéon des Dieux, la quête de l’aiguillon des rêves. Les joueurs se demandaient quand est-ce qu’ils pourraient, eux aussi, lancer des fils de soie dans les yeux de leurs adversaires ? C’est alors que les développeurs firent une annonce qui en ravit plus d’un : le développement du DLC a pris une trop grande ampleur : il deviendra un jeu à part entière (qui sera offert aux financeurs d’Hollow Knight). Huit ans plus tard de développement, le rêve est enfin réalité et après avoir bloqué tous les sites vendant le jeu tant l’attente était grande, nous pouvons enfin parcourir les terres d’un nouveau royaume hostile : Pharloom.

Image représentant un extrait de la carte
J’ai fait de mon mieux pour zoomer le plus possible et ne rien spoiler mais la carte est VRAIMENT immense

Dès le début, ça fait mouche…

Notre aventure commence comme son prédécesseur, avec une belle cinématique. On y voit Hornet, affaiblie et enfermée dans une cage, portée par des insectes au visage recouvert d’un voile. Passant les portes du royaume de Pharloom, le cortège traverse un pont et Hornet se libère soudain de sa cage, faisant voler en éclat ses barreaux et la roche sous les pieds de ses ravisseurs. Après une longue chute, vous vous réveillez, votre aiguillon à côté de vous et une longue ascension en vue. Bien décidée à retrouver ses bourreaux et comprendre la raison de son emprisonnement, notre guerrière va devoir explorer et monter dans les plus hauts niveaux du royaume pour avoir des réponses. En chemin, elle croisera de nombreuses carapaces amicales mais aussi des créatures hargneuses, autrefois pacifique, frappées d’un mal mystérieux les conduisant à s’entretuer et attaquer tout ce qui leur tombe sous les mandibules.

…Et très vite, ça fout le cafard

Car si vous maniez l’aiguillon avec une maîtrise certaine et un courage sans faille, vos pouvoirs sont affaiblis. Pour tout vous dire, à l’instar du premier titre, vous n’aurez comme équipement que quelques points de vie, un saut, des attaques dans les quatre directions et un sort vous permettant, après une courte concentration, de regagner jusqu’à 3 points de vie. Alors oui, vous êtes également bien plus acrobatique que le Chevalier d’Hollow Knight et la maniabilité est une vraie bouffée d’air frais. Vous sautez, vous piquez, aérienne comme jamais, vous disposez de déplacements extrêmement plaisants aussi bien dans l’exploration que dans les combats. Et ce n’est pas négligeable car Silksong est beaucoup, BEAUCOUP plus violent que son grand frère. Beaucoup d’ennemis vous feront deux points de dégâts sans sommation, et on ne parle pas forcément des boss (qui sont légion) mais même des petites merdouilles communes. Le mot d’ordre est donc : avancez avec prudence. Les patterns des ennemis sont très variés, il y a du saut, du projectile, du dash avant, des coups dans plusieurs directions, des contre-attaques. Ah on faisait les malins à maîtriser la terre entière sur Hollow Knight mais ici c’est une autre confiture les aminches, oubliez votre mémoire musculaire car tout est à réapprendre, et ça se fait à la dure !

Image représentant Hornet en train de sauter en l'air pendant un combat avec Lace
Je suis mort juste pour vous prendre ce screenshot, alors appréciez-le merci

Une façon de jouer bien à soi(e)

Si Hollow Knight offrait un gameplay à la carte avec son système de Charmes, conférant des capacités offensives, défensives ou d’exploration, Silksong a quant à lui une recette dérivée offrant plus de possibilités encore. Ici, exit les quelques slots disponibles à remplir avec votre tambouille : place aux Blasons ! Les Blasons c’est votre petit menu perso dans lequel vous pourrez mettre des pouvoirs de Soie et divers outils. Les outils sont séparés en plusieurs catégories, rouge, bleue, jaune, ayant en général les thèmes respectifs des armes, des défenses et des objets d’exploration. Par exemple, le Blason du Chasseur avec lequel vous commencez vous permet d’équiper un pouvoir de Soie, un outil rouge, un outil bleu, un outil jaune. Les outils fonctionnent de la même manière que les Charmes, et vous pourrez les équiper et les changer sur les Bancs, et ainsi tester quelle façon de jouer convient le mieux à votre style et surtout à la situation. Car les Blasons n’offrent pas tous les mêmes capacités d’outils et changent aussi votre style de combat ! Vous tapez plus vite mais avec moins de portée, vous tapez plus fort mais plus lentement, votre attaque plongeante devient oblique, il y a beaucoup de façon de jouer, et combinées aux bons outils, elles vous permettront de venir à bout de boss qui vous feront hurler si vous avez le malheur de ne pas avoir crafté un gameplay avec lequel vous êtes à l’aise.

Image représentant les Blasons et divers outils disponibles dans Silksong
Les Blasons, un élément indispensable du jeu

Un royaume qui vous cherche tout le temps des poux

Si la descente dans les profondeurs d’Hallownest vous a donné du fil à retordre, préparez-vous à une ascension de Pharloom des plus physique. Le jeu est dur. Et, qu’on soit bien clair, j’adore quand un jeu me fait mordre la poussière et me force à jouer avec les outils qu’il me donne, mais j’aime aussi qu’un jeu permette l’accessibilité au plus grand nombre et Silksong en rebutera très vite plus d’un par son côté asphyxiant en permanence.

C’est un immense débat philosophique qui ressort à chaque jeu un peu exigeant en terme de maniabilité ou de patience et il est important de prévenir que Hollow Knight : Silksong fait peu de cadeau et que sa difficulté va croissant en ne vous lâchant que rarement la gorge malgré votre montée en puissance, en capacités et en connaissances. Le design du jeu est fait pour que vous soyez constamment en alerte, dans l’observation, et le lâcher prise ne peut se faire qu’au terme d’un bon apprentissage de votre environnement ou du pattern des ennemis que vous affrontez. Mourir est une partie intégrante du gameplay et la maîtrise de votre vigilance et de votre rage est un prérequis si vous voulez avancer.

Image représentant Hornet, héroine de Silksong sous une immense cloche qui se balance
Si vous êtes de Bordeaux, les Grosses Cloches ne vous dépayseront pas

Soyez prudents. Et ça ne s’applique pas qu’au combat mais également aux ressources présentes dans le jeu. Vous avez les Perles de Rosaire, et les Éclats. Les premières font office de monnaie, les deuxièmes, de matériau qui vous permettent de recréer les consommables tels que les couteaux de lancer, les pièges, les bombes, etc. Si les éclats ne sont pas perdus à votre mort, les perles le sont, et pour les retrouver, il faudra revenir à l’endroit de votre mort et briser votre cocon. Autant vous dire que mourir sur le chemin occasionne d’immenses douleurs à l’âme que peu de choses pourront soigner. N’hésitez pas, dès que vous le pouvez, à enfiler vos perles sur des Rosaires, que ce soit chez des marchands ou à des petites bornes trouvables ça et là dans le royaume : vous en perdrez un peu dans le processus (frais de dossier oblige) mais elles seront bien au chaud dans votre inventaire et à l’abri de votre inévitable trépas. Car, avec l’inflation ayant explosé depuis Hollow Knight, tout est payant, et les Perles sont au début assez dures à trouver. Les bancs sont payants à la première utilisation, les gares de voyage rapide aussi, et il est arrivé plusieurs fois qu’harassé et sans le sou, je me retrouve à devoir aller chercher des ennemis dans les alentours avec l’espoir de voler leur thune, avec un seul point de vie disponible et autant de sueur sur le front qu’après un entraînement de rugby. Un dernier conseil sur la prudence : si vous voyez un banc, ASSEYEZ-VOUS. Non content de regagner vos points de vie et remplir vos poches d’outils, vous réinitialisez aussi l’endroit de votre réapparition puisqu’à votre trépas (qui est, je le rappelle, inévitable) vous vous réveillez au dernier banc sur lequel vous vous êtes assis. De grâce, asseyez-vous. En plus ça vous permet de faire une pause et vous sécher la paume des mains (ne mentez pas, je sais qu’elles seront vite moites).

Image représentant Hornet en train de motiver un petit pélerin
Hornet dit au petit pélerin de ne pas céder à la pression des pairs et de vivre sa vie comme il l’entend, soyez comme Hornet

Un jeu qui vous laisse bouche (scara)bée -oui celui-ci est pas fou-

Malgré la hargne nécessaire pour explorer Silksong, on ne peut que reconnaître une chose : le temps de développement et l’argent du premier a été utilisé avec brio :

Visuellement le jeu est sublime. Les animations sont soignées, les univers sont variés et détaillés, les finitions se ressentent dans chaque aspect du jeu, les mouvements des ennemis, les mouvements d’Hornet, les mouvements des PNJ, les décors qui réagissent à vos actions, tout est interactif et c’est un vrai bonheur de parcourir ces terres hantées. Attention, il peut y avoir par moments des choses qui se fondent dans le décor et il n’est pas rare en commençant le jeu de vous prendre des dégâts parce que vous n’aviez pas vu que le joli projectile arrivait dans votre tronche. Très vite votre oeil s’aiguise et vous ne vous laissez plus prendre par ces distractions, et l’âme du guerrier prendra le relais (malgré, évidemment, votre trépas qui est, je le rappelle, inévitable.)

Image représentant la Quatrième Chorale, un boss du jeu Silksong
Allez, là ça devient sérieux

Côté sonore, Christopher Larkin signe encore une fois une bande-son magistrale. La musique est omniprésente, intra comme extra diégétiquement. Je ne spoilerai rien sur la partie scénaristique de la chose mais mon dieu que je vous recommande de jouer avec de bonnes conditions pour profiter du son, le sound design environnemental, celui des ennemis tout est un plaisir à l’oreille.

Enfin, côté écriture, grande nouveauté : Hornet, contrairement au Chevalier, est dotée de parole. D’un ton altier, elle s’adresse avec majesté et déférence à tous les insectes qu’elle croise, et ils sont nombreux : des fous, des mignons, des mystérieux. Le petit monde de Pharloom est écrit d’une plume poétique, drôle et épique qui, malheureusement, souffre un peu de sa localisation française peinant à retranscrire la beauté de la version originale. Bien plus vivant qu’Hollow Knight, Silksong trouve ainsi son chemin entre le metroidvania et le jeu d’aventures. Ces personnages, au terme d’un dialogue, vous proposeront parfois une autre nouveauté du jeu : les Souhaits, un système de quête qui fut parmi les premiers à être mis en place et qui vous apporteront ou bien des récompenses sous forme de Rosaires, ou bien des boutiques plus variées, ou le déblocage d’un bâtiment, d’une zone ou d’un objet (en plus de participer activement au ressenti d’être à l’origine des changements de ce monde).

Image représentant Nuu en train de parler à Hornet
Certains étranges personnages paraissent étranges et rigolos : ils le sont.

Hollow Knight : Silksong, un jeu par et pour l’élytre ?

Je vous l’annonce : la note finale est une note de coeur. Parce que j’ai vibré avec Hollow Knight, j’ai attendu Silksong comme le messie et que je suis tombé amoureux du jeu malgré sa difficulté, malgré son aspect impitoyable et malgré les défauts dont il n’est pas exempt. Oui, le rythme est parfois rageant, oui la difficulté est parfois mal dosée et oui, malgré le travail encore constant de Team Cherry sur l’équilibrage et les mises à jour de contenu déjà en travaux, Hollow Knight : Silksong n’est pas un jeu parfait, et l’attente occasionnée va forcément polariser, dans la dithyrambe comme dans la diatribe.

J’ai choisi l’absolue mauvaise foi en le notant bien plus sur mon ressenti émotionel et personnel que sur une mesure chiffrée, parce qu’une oeuvre n’est pas une recette de cuisine. Le jeu est une merveille absolue de laquelle je ne décroche pas depuis la sortie, et sur laquelle je sais que j’accélérerai ma calvitie au moment de tenter le 100% en mort permanente. Après tant d’années d’attente, je n’ai pas ressenti la moindre déception et ai été au contraire enthousiasmé à chaque nouvelle minute passée dans le royaume de Pharloom. Armez-vous de courage, jouez à Silksong et ne désespérez pas, la mort fait partie du jeu, vous trouverez à force de patience et de stratégie comment accéder à la Citadelle et mettre un coup de pied dans la fourmilière.

Graphismes
10
Histoire
10
Bande son
10
Gameplay
10
Passe la souris sur la barre pour noter le jeu0 Note
0
Les +
Le gameplay aérien et les builds à la carte sont un bonheur de gamefeel
L’écriture du jeu et des dialogues est magnifique
Un bijou visuel et auditif
Un contenu ahurissant (comptez quasi le double d’Hollow Knight pour tout)
Les -
La difficulté en constante évolution peut vous faire passer un sale moment
Il est important de bien gérer ses maigres ressources pour avancer
La localisation française peine à être à la hauteur de la version originale
10