15 ans… C’est le temps qu’il aura fallu attendre pour retrouver Hellboy dans un jeu vidéo en tant que protagoniste principal. Cette fois, ce sont les développeurs du studio Upstream Arcade qui sont aux commandes et le titre est édité par Good Shepherd Entertainment. Notre démon rouge se voit offrir ici une aventure inédite par son créateur en personne : le grand Mike Mignolia ! Et si les premiers essais n’étaient pas forcément au niveau de ce que les joueurs attendaient, espérons que cette tentative sous la forme d’un Rogue-Like soit la bonne. C’est ce que nous allons voir dans ce test de Hellboy Web of Wyrd sur PC.
Une histoire digne du grand Mike Mignola ?
Sommaire
Dès les premières secondes, le ton est posé. Nous plongeons directement dans l’univers des comics avec une histoire racontée via des plans fixes façon “Comics Book”. C’est d’ailleurs ainsi que l’intégralité de l’histoire sera contée.
Concernant cette dernière justement, nous prenons en main notre héros alors qu’il débarque dans le Wyrd pour une mission de sauvetage de son ami Lucky. En effet, ce dernier a disparu et ne donne plus signe de vie. Cette première étape va surtout servir de tutoriel et se veut assez courte. Une fois réussie, nous retournons au QG de campagne du BRPD (le Bureau de Recherche et de Défense sur le Paranormal) qui a pris place dans “La Maison Papillon”. C’est un occultiste français, Marc Deneuveu, qui l’a construite et il a, lui aussi, disparu. Elle se trouve être le point de croisement entre notre dimension et le Royaume du Wyrd.
C’est un endroit étrange, dangereux et qui s’entremêle avec notre réalité. Nous y retrouverons donc quatre environnements inspirés de l’Italie, la Russie, l’Irlande et Londres. Le but sera de comprendre ce qui s’y passe, retrouver Deneuveu et éviter que tout ne parte en cacahuète.
Le plaisir des yeux
Le style graphique devrait parler aux fans de la première heure puisque l’on retrouve tout le savoir-faire de Mike Mignolia. L’ambiance est particulièrement sombre, les traits épais avec de grands aplats de couleurs. L’ensemble du titre est réalisé en cell-shading, un rendu qui se prête parfaitement à ce genre de production. Si certains pourraient crier au scandale à l’ère de la débauche d’effets spéciaux, des textures 4K et autre Ray-Tracing, on ne peut que louer le respect du matériau d’origine et qui va permettre à Hellboy Web of Wyrd de se démarquer de la concurrence.
La direction artistique ne s’arrête pas à l’aspect graphique. En effet, c’est un réel plaisir de voir évoluer Hellboy. Il est clair que les développeurs de chez Upstream Arcade ont bien étudié leur copie. Les mouvements du démon rouge ont ainsi profité d’un soin particulier afin de respecter les bandes dessinées et films. Notre héros dégaine ses armes, assène de nombreux bourre-pifs ou balance quelques finish comme il sait si bien le faire. C’est un régal aussi bien pour les fans que pour les néophytes.
Quant à la partie audio, là aussi, nous sommes proches d’un sans-faute. La musique accompagne l’action à l’écran à merveille avec un rythme Rock lors de nos échanges de politesses avec les ennemis, pour ensuite se calmer et passer sur quelque chose de plus Jazz dès que le calme est revenu ou lors de l’exploration des salles. Le doublage est intégralement réalisé en V.O. Encore une fois, les fans seront ravis, car nous retrouvons Lance Riddick comme voix de Hellboy. Il s’agit de l’une des dernières performances de l’acteur qui nous a quittés en début d’année 2023. Pour les allergiques à la langue de Shakespeare, pas d’inquiétudes à avoir, puisque tout est sous-titré en français. On pourra tout de même relever quelques approximations de traduction, notamment pour les noms des protagonistes ! En effet, le dénommé “Lucky” se voit traduit par “Veinard” par exemple.
Côté optimisation, le jeu tourne parfaitement sur PC sans avoir besoin d’une configuration dopée aux stéroïdes. La configuration de test est la suivante : 3600X – RX5700XT – 32 Go de Ram. La résolution peut être montée sans hésiter en 4K. Quant aux possesseurs de Steam Deck, le titre est compatible et tourne là aussi sans lag ni latence. C’est un autre bénéfice d’avoir fait le choix du cell-shading pour réaliser le titre.
Hellboy Web of Wyrd, un mélange de plusieurs styles.
Rogue Like
Nous retrouvons un hub central servant à acheter des améliorations, discuter avec nos compagnons et en apprendre un peu plus sur l’histoire du Wyrd grâce à des reliques trouvées lors de nos pérégrinations. Au début de chaque run, nous recevons une bénédiction. Elle modifie légèrement une de nos caractéristiques dans le but de nous aider à progresser un peu plus loin. La structure des niveaux est générée de façon procédurale, ce qui est censé nous garantir d’éviter toute routine.
Malheureusement le choix des types de salle est bien trop limitée et la construction est parfois trop labyrinthique. Cela nous oblige régulièrement à quelques allers et retour sans grand intérêt. Le jeu se résume surtout à Couloir – Salle (avec deux gros ennemis à liquider) – Couloir. De temps en temps, de nouvelles bénédictions sont proposées, mais leur effet est trop timide et c’est à peine si on s’aperçoit de l’avantage conféré. C’est dommage sachant que l’intérêt d’une grosse partie des rogue like réside dans la construction de son build.
Soul’s like et beat’em all
L’aspect Soul’s Like vient de la présence dans chaque salle d’ennemis plus costauds qu’il faudra absolument défaire avant de passer à la salle suivante. Pour ce faire, Hellboy peut asséner des coups de poings légers grâce à un bouton ou un coup fort en le laissant enfoncé. Afin de varier les plaisirs, il est possible de se servir d’une arme à feu aux munitions limitées. Elle peut cependant être rechargée à volonté. N’espérez cependant pas le faire au milieu d’un combat, cela prend un temps infini ! Afin d’éviter les attaques, nous avons à disposition une esquive et une parade. Bien timées, elles offrent des ouvertures dans la garde et des possibilités de contre. Pour finir, une fois une jauge remplie, il est possible de déclencher un déluge de coups dévastateurs qui permettra de reprendre l’avantage lors d’une situation tendue.
Si l’ensemble paraît intéressant, la réalité est tout autre. On martèle le bouton d’attaque la majeure partie du temps tout en alternant avec la garde. Les types d’ennemis sont propres à chacune des quatre zones, mais on regrettera qu’il n’y en ait pas plus de différents. On tombe trop vite dans la routine et on enchaîne les salles sans réelle excitation passée la première run. De plus, si chacune d’entre elles se voit remplie de petits mobs (en plus des deux ou trois gros adversaires), leur inutilité est affligeante. Ils se contentent d’être là, ne font rien, et les rares fois où ils vont réussir à porter un coup, l’impact est insignifiant !
Chaque environnement possède son propre boss. Le combat demandera un peu plus de maîtrise sans pour autant tomber dans la difficulté insurmontable.
Hellboy Web of Wyrd, parvient-il à briser la malédiction des adaptations ?
Hellboy Web of Wyrd est un jeu correct, qui profite d’une direction artistique réussie, ainsi que d’une histoire originale respectant l’idée originale de Mike Mignola. Malheureusement, le titre se perd en voulant piocher dans plusieurs concepts et en survolant ce qui fait leur force. On prend plaisir à découvrir les différents environnements, mais leur nombre restreint tout comme les monstres les peuplant fait vite retomber l’engouement. Comptez entre 10 et 15 heures de jeu afin d’atteindre les crédits de fin et, même s’il est toujours possible de relancer une run en ajoutant des défis pour pimenter l’action, le manque de bénédictions et de personnalisation fait qu’il est peu probable que les joueurs y retournent une fois tout découvert. Mais si vous êtes fan de la licence ou tout simplement en manque de roguelike, les 24,50€ demandés restent un tarif contenu pour la proposition globale.