Hmmm, les p’tits indés finis à l’amour… quand on entrouvre le four dans lequel Children of the Sun a patiemment cuit pendant 4 ans, c’est le bruit de l’audace et l’odeur de la liberté qui vient vous chatouiller le cerveau. Le berlinois René Rother, le papa-dev de ce petit jeu (et de quelques autres, tous dispo sur Itch.io), s’est associé à Devolver pour vous livrer quelques heures de poudre et de puissance psychique. N’ayez pas peur de la nuit : ce soir, c’est soleil noir.
CHILDREN OF THE SUN : UNE BALLE SUFFIT
Sommaire
Pas de chance : vous n’étiez encore qu’une enfant quand votre famille est tombée sous la coupe d’un gourou malsain (barbe sale, lunettes louches, pouvoirs télékynésiques, vous voyez le topo). Vraiment pas de chance : vous deviez être le prochain sacrifice et votre père n’était pas d’accord. Turbo pas de chance : votre papa ne s’en est pas sorti. Et c’est comme ça que vous êtes devenue une assassin de masse, dotée d’un pouvoir peu commun : celui d’utiliser une seule balle pour refroidir 20 fanatiques.
Chaque nuit, tapie dans l’ombre, vous astiquez votre fusil de sniper et vous vous mettez au travail : abattre chacun des responsables de ce traumatisme infantile. Une thérapie aurait coûté moins cher, on s’entend, mais entre nous soit dit : un don sans entrainement, c’est rien qu’une mauvaise habitude (Georges Brassens ne l’a pas dit tout à fait comme ça, mais c’est vraiment lui qui l’a dit).
EFFET RICOCHET
Il va donc falloir perfectionner votre talent pour le meurtre. Le jeu vous gratifie d’un tuto assez long, introduisant tour à tour chaque mécanique de tir (il y a même un guide, plutôt sobre, pour… vous guider). En gros :
Prenez position
La tireuse (vous, donc), se tient toujours cachée dans l’ombre à quelques mètres de ses cibles. Elle peut se déplacer, sur la droite et sur la gauche pour trouver l’angle d’attaque qui va bien. Parfois elle peut faire un tour complet autour d’un campement, d’autres fois son mouvement est limité à quelques degrés autour du point central.
Marquez les cibles
Vous visualiserez d’office quelques-unes de vos cibles, leur point faible en surbrillance (le plus souvent la tête, mais pas toujours). D’autres sont bien cachées, en sous-sol ou dans un bâtiment. Un compteur en haut à droite de l’écran vous indique combien de PNJ vous avez alors à abattre. Vous serez donc bien obligé de tenter le coup quelques fois pour tous les débusquer.
Visez
En fonction de la position et la nature de vos cibles, déterminez un ordre de tir. Les PNJ blindés demandent de la vitesse, et donc de la distance. Ceux qui flottent en l’air, nécessitent d’être visés deux fois. D’autres, enfin, doivent être attaqués de manière à contourner leur défense (à savoir un bouclier anti-émeute).
Tirez
Pressez la détente et vous rentrez dans le dur du gameplay. Tout le monde peut atteindre la cervelle d’un PNJ qui ne se méfie pas, mais qui peut le faire 18 fois de suite, avec des PNJ qui s’enfuient à la première détonation, et cela avec la même balle ? Vous ! À chaque fois que vous atteignez une cible, vous pouvez en effet repartir dans la direction de votre choix, mais ça n’est pas suffisant pour éliminer toute la vermine d’un campement de malandrins.
Pour y parvenir vous disposez de 3 pouvoirs, qui se débloquent au fur et à mesure du jeu. Vous pouvez tout d’abord ralentir le temps et dévier légèrement la trajectoire de votre balle, histoire d’atteindre le ptits recoins malaisés. Par la suite, vous apprendrez à rediriger complètement votre tir, capacité qui s’active après avoir touché à la suite deux fanatiques sur leurs points faibles. Vous pouvez ainsi tirer à travers la fenêtre du bâtiment dans lequel vous vous trouvez, et rediriger votre balle à 360° pour atteindre une cible à l’étage qui se trouve en-dessous. Enfin, vous apprendrez à charger votre tir, pour lui donner de la vitesse et percer les blindages des PNJ les plus robustes.
Continuez la chaine
Par effet ricochet, vous fauchez un par un vos ennemis. Le but, c’est de ne jamais se retrouver à court de pouvoir, face au vide. Quand cela arrive, vous avez une petite chance : celui de parvenir à mettre dans votre ligne de mire un oiseau, ou un réservoir de voiture susceptible de recevoir un nouveau tir et ainsi continuer la chaine vers une autre tête, un nouveau mort…
FAIRE DU POINT
Certains chapitres vous demanderont quelques essais, le temps de débusquer tous les PNJ et de trouver la trajectoire optimale, mais dans l’ensemble, il n’est pas très difficile de boucler chaque niveau (quoique les derniers sont nettement plus corsés !)
Ce qui est beaucoup plus challengeant, c’est de faire du point. J’étais là, toute contente d’avoir terminé un chapitre un peu tordu, avec mes 2 712 points quand je tombe sur le classement. Ahah. Comment ça 32 258 points ?
Children of the Sun, c’est un jeu qui se joue et se rejoue pour peaufiner son score. Moins de tirs inutiles, plus d’explosions, plus de headshot, plus de distance et moins de temps passé à viser pour maximiser votre coeff multiplicateur : c’est la recette pour faire plus de points, beaucoup plus de points. Trouver LA trajectoire optimale, celle qui vous permettra d’atteindre chaque cible en un minimum de temps et de mouvements, voilà qui va vous occuper quelques heures de plus.
Children of the Sun se paie même le luxe de ne pas être (trop) répétitif malgré son concept plutôt simple et ses nombreux chapitres, en introduisant ses mécaniques petit à petit et en proposant des environnements différents à chaque niveau. Course poursuite, traversée d’un bâtiment de part en part, et même un peu de pêche et de chasse au canard ! Vous pouvez enfin chercher à être un peu créative en relevant le défi proposé par chaque chapitre et caché dans son titre pour débloquer les succès du jeu.
L’AMBIANCE
Ambiance nocturne, 3D moche, riffs de guitare stridents et flash colorés épileptiques : on n’est pas là pour se détendre. À moins que la tension soit votre manière de vous détendre (j’ai connu des gens comme ça)…
Noyé dans une nuit américaine permanente clairement cache-misère, le jeu va à son essentiel, de manière sûre et efficace. Oui, c’est de l’indé qui tâche, mais le budget a été judicieusement placé dans ses mécanismes de jeu, pas dans le réalisme de ses IA ou l’anti-aliasing. C’est un peu dégueulasse mais ça tombe bien, c’est dans le thème : c’est cohérent.
On palpe bien la folie de la protagoniste, qui n’a de toute façon besoin d’aucune émotion sur son visage figé. Les chapitres sont entrecoupés de scénettes dessinées à gros traits féroces pour vous situer le drame et de quelques mini-jeux absolument wtfesques que vous vous empresserez d’oublier.
CONCLUSION
Encore un jeu malin qui vous propose une autre manière de tuer des gens ! Children of the Sun renouvelle le plaisir du ricochet sur l’onde calme d’un lac placide, mais avec un fusil longue distance et une balle unique pour les trouver tous et dans les ténèbres les lier… Son concept mettra à l’épreuve réflexes et réflexion, sous formes de puzzles macabres à l’ambiance hargneuse. Comptez 5 à 9 heures pour dézinguer toute la secte, du nervi fragile au gourou maléfique, probablement un peu plus si vous voulez tenir la dragée haute à la tête du classement.