Card Shark se déroule au XVIIIe siècle. Alors qu’il est de passage en province, le Comte de Saint-Germain fait la rencontre d’un jeune muet qui sert de laquais dans une auberge miteuse. Le gentilhomme sent alors immédiatement le potentiel du serveur et lui propose de l’aider à tricher aux cartes afin de dépouiller un bourgeois. Malheureusement, le pigeon n’est pas aussi crédule que prévu et une querelle éclate, tuant d’une balle perdue la tenancière de l’établissement. L’animosité du jeune homme pour son employeuse étant connue de tous, il se voit alors contraint de suivre le Comte de Saint-Germain dans un tour de France des tables de jeu…
Un jeu qui rebat les cartes du genre
Sommaire
Si vous avez l’impression que les jeux vidéo tournent un peu en rond d’un point de vue gameplay, Card Shark est fait pour vous. En effet, Nerial Digital nous proposent ici un soft d’une originalité rafraichissante (bienvenue en ces temps de canicule). Tout commence par un parti pris graphique audacieux puisqu’il n’est pas sans rappeler les point’n click des années 90. Mais attention, si l’artiste Nicolai Troshinsky s’inspire de ces madeleines de Proust vidéoludiques, il n’en garde pas moins sa propre patte. Un style comics/ gothique qui fonctionne à merveille. Même le character design a été pensé pour correspondre à ces deux courants.
Mais Card Shark c’est avant tout un gameplay inédit. Placer les joueurs dans la peau de tricheurs est tout simplement une idée géniale ! Quoi de plus réjouissant que de mener par le bout du nez ses adversaires ? Si les premières arnaques sont des plus basiques, servir du vin aux convives pour regarder leur jeu, puis faire des signes en essuyant la table afin d’informer le Comte, très vite, elles deviennent d’une ingéniosité redoutable. Vous devrez, par exemple, marquer des cartes ou apprendre à truquer des parties de bonneteau (pléonasme).
Si l’apprentissage de nouvelles escroqueries a quelque chose de jouissif, cela demande une excellente mémoire ainsi qu’une habileté exemplaire aux Joy-Con. Petit conseil au passage (merci chef), vous pouvez utiliser le mode tactile de la Switch pour vous aider. De même, si vous commencez à vous arracher les cheveux, il vous suffit de cocher une case dans le menu pause pour n’avoir qu’à appuyer sur une touche pour avoir des indices de ce que vous devez faire ou même pour finir directement la manche.
Un requin n’est jamais bien loin
Outre la difficulté de retenir les divers enchainements à faire sur les Joy-Con afin de réussir vos petits tours de passe-passe, vous devrez composer avec la méfiance de vos adversaires. Pour ne pas éveiller leurs soupçons, vous devrez les laisser gagner de temps en temps. Mais attention, si vous êtes trop généreux, vous perdrez tout votre argent. Dans Card Shark, il vous faudra donc composer avec l’intelligence des joueurs que vous essayerez de plumer. Bien évidemment, on n’arnaque pas de la même manière le péquin moyen et le cultivé Voltaire. Pour corser un peu plus les choses, vous aurez un temps à respecter sous peine d’éveiller les soupçons des autres joueurs. Alors, que se passe-t-il si vous vous faites prendre ? XVIIIe siècle oblige, vous finirez soit en prison (où vous finirez par mourir de toute façon), soit exécuté sans sommation. Mais, le jeu n’est pas fini pour autant, car dans Card Shark, même la mort peut être dupée par vos talents de manipulateur de cartes.
Cependant, Card Shark c’est aussi un scénario bien ficelé. Le fait que le personnage principal soit muet n’est pas anodin. Rappelons qu’au XVIIIe, les personnes atteintes de ce handicap étaient considérées, dans le meilleur des cas, comme des abrutis et dans le pire comme des enfants du diable. C’est pourquoi le Comte le choisi comme partenaire. Qui soupçonnerait un homme limité intellectuellement de pouvoir duper tout le monde ? De plus, l’intrigue du soft monte progressivement en puissance, car de voyage en voyage, nos deux compères vont finir par découvrir un complot qui va les mener jusqu’aux plus hautes sphères du pouvoir.
On joue Card Shark sur table
Alors que beaucoup de développeurs ne cherchent pas à prendre de risques en proposant aux joueurs des redites de softs ayant déjà fait leurs preuves, d’autres, comme Nerial Digital, mouillent le maillot. Avec Card Shark, la société nous livre un jeu de cartes novateur à mi-chemin entre le mini-game et le novel game. Un projet ambitieux où tout est quasi parfait. Des graphismes soignés, une bande-son envoutante et surtout un scénario digne de ce nom. Pour ne rien gâcher, le fait de nous faire incarner des gentlemen escamoteurs apporte un vrai plus, puisque tout le monde aime les Arsène Lupin ! Seule, la durée de vie un peu faible de Card Shark peut engendrer un peu de frustration en fin de partie. Pour finir, sachez que les personnes désireuses de connaître une expérience maximale auront la possibilité d’enclencher un mode spécial où toute défaite mène directement à la mort des personnages avec perte de la sauvegarde de la progression.